Saint-Brieuc : un grand colloque universitaire pour le 50e anniversaire de la grève du "Joint français"

C'est un épisode incontournable du mouvement social en Bretagne et en France. En 1972, après deux mois de conflit, les salariés briochins du Joint français, payés moins cher que leurs homologues parisiens, finissaient par obtenir les augmentations de salaires qu'ils réclamaient. Cinquante ans après, leur grève emblématique est au coeur d'un colloque à Saint-Brieuc.

C’était il y a tout juste 50 ans. Début mai 1972 à Saint-Brieuc s’achevait l’emblématique grève du Joint français, deux longs mois de conflit qui allaient durablement marquer l’histoire de la ville, et le mouvement social en Bretagne et en France.

A l’occasion de cet anniversaire, un colloque universitaire, "Le Joint français, les échos d’une grève en Bretagne". est organisé à Saint-Brieuc au campus Mazier.

Payés moins cher en Bretagne 

Le Joint français s’était installé à Saint-Brieuc en 1962. La ville avait cédé le terrain à un prix dérisoire, et l’entreprise avait promis 2 000 embauches. Il n’y en aura finalement que la moitié.

La plupart de ces salariés, qui produisent des joints d’étanchéité, sont d’anciens paysans. Les jeunes sont nombreux et tous ne peuvent pas rester à la ferme. Le "Joint" leur permet de rester au pays ! 

Mais, un jour, ils découvrent qu’à Bezons, sur un autre site près de Paris, pour les mêmes gestes, le même travail, les ouvriers du Joint Français sont payés 25 à 30 % plus chers qu’eux. Les Bretons se sentent humiliés. et se mettent en grève illimitée. Ils réclament une hausse de 70 centimes de l’heure. La direction leur en propose 19 !

Le conflit démarre en février. Le 10 mars, l’usine est occupée, le 5 avril, les négociations sont au point mort. Alors, les salariés séquestrent la direction toute une nuit.

Au petit matin, la CRS 13 arrive. Et soudain, Guy Burniaux, ajusteur, se retrouve face à Jean Yvon, son ancien camarade de classe devenu CRS. Pendant 4 ans, ils ont fréquenté le même Lycée Curie. Les voilà nez à nez. Guy craque, il empoigne son copain et lui lance : "Vas-y, tape-moi dessus, t'es là pour ça !"

Un photographe d'Ouest-France prend une photo, qui va faire la une du journal, et bientôt le tour du monde.

Histoire de cette incroyable cliché, et témoignages, dans ce reportage de Séverine Breton et Thierry Bouilly

Immense solidarité avec les salariés 

Les ouvriers des environs, les paysans, tous se sentent touchés, salis par le mépris avec lequel le Joint Français traite ses salariés. Partout se créent des comités de soutien.

Pendant deux mois, paysans et commerçants de la région apportent des vivres pour les familles des ouvriers. Dans certains magasins, des urnes sont installées pour collecter des fonds. Chaque dimanche, on quête à la sortie des églises, 78 municipalités de la région votent des crédits exceptionnels, des matchs de foot, des concerts de soutien de Gilles Servat, Tri Yann et de Claude Nougaro viennent remplir la caisse des grévistes.

Le 8 mai, un protocole d’accord est enfin signé. la direction accorde aux Briochins une augmentation de 65 centimes de l’heure et une prime de fin d’année de 325 francs. Après 2 mois de lutte, les salariés ont gagné.

Colloque en mai, exposition en septembre

Cinquante ans après, et jusqu'au 6 mai, un colloque, dont voici le programme détaillé, est donc organisé à l'initiative de Patrick Harismendy et Gilles Richard, professeurs à l’Université Rennes 2, Tudi Kernalegenn de Bretagne Culture Diversité, et Elisabeth Renault, responsable du Musée de Saint-Brieuc.   

En septembre, toujours à Saint-Brieuc, débutera également une exposition baptisée provisoirement "Re-présentation anachronique du Joint français ".    

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