Rien ne va plus à l’hôpital de Saint-Brieuc alors que des négociations sur le temps de travail sont en cours entre la direction et le personnel. Une cellule de crise a été mise en place pour tenter de maintenir une continuité de service. Les urgences sont toujours régulées ce vendredi 17 mai, il faut appeler le 15 avant de s'y rendre.
Arrêts de travail en série à l’hôpital de Saint-Brieuc. Le conflit social qui oppose les salariés à la direction du centre hospitalier Yves-le-Foll semble se tendre un peu plus.
100 arrêts de travail ont été déposés mardi 14 mai et près de 150 autres les jours suivants selon les syndicats, mettant à mal le fonctionnement des urgences et de la réanimation. Au centre des discussions houleuses : la réforme des temps de travail.
Face à la contestation la direction de l'hôpital a finalement cédé ce vendredi 17 mai face aux revendications des soignants en annulant les mesures sur le temps de travail. Tentative pour stopper le mouvement qui semble porter ses fruits.
Cellule de crise
Pour faire face à ces arrêts, une cellule de crise a été mise en place afin de garantir le bon fonctionnement du service des urgences. "L’accès au service des urgences adultes est régulé 24h/24h de façon transitoire, jusqu'à nouvel ordre" annonce la direction de l'hôpital dans un communiqué de presse du 14 mai.
Une mesure "prise en concertation avec l’encadrement médical du service et tenant compte des effectifs soignants disponibles" qui vise à "garantir des conditions d’accueil et de prise en charge en toute sécurité aux patients nécessitant réellement une prise en charge hospitalière aux urgences de Saint-Brieuc et à proposer une alternative adaptée à toutes les autres situations."
"Les urgences sont fermées"
Les patients devront donc appeler le 15 avant de se rendre aux urgences. "Quand ils disent que les urgences sont régulées, cela veut dire que les urgences sont fermées, avance Régis Pineau, représentant syndical CGT au centre hospitalier de Saint-Brieuc. Sauf urgence, les patients seront réorientés."
"Les syndicats n’appellent pas aux arrêts de travail, précise Régis Pineau. Il s’agit de décisions individuelles prises dans le cadre d’une action collective sur la mobilisation pour la gestion des temps de travail. La direction est sourde à nos sollicitations. Si la directrice veut nous tenir tête, nous tiendrons bon."
30 minutes de temps de repas supprimées
Les syndicats dénoncent une tentative de passage en force de la direction d’Yves-Le-Foll. "Ils veulent sortir du cadre réglementaire" développe Régis Pineau. Notamment pour imposer une réduction du temps de repas de 30 minutes.
"Cette demi-heure n’est pas un privilège. Il y a un esprit de donnant-donnant qui va avec. Les soignants donnent de leur temps pour l’hôpital en dehors de leurs horaires."
Le syndicaliste évoque les dizaines de minutes passées chaque jour en amont de la prise de service pour l’habillage, le déshabillage et les passations de patients dans les services.
Déficit chronique
Du côté de la direction, il est évoqué le déficit de l’hôpital de 20 millions d’euros et de la nécessité d’investir. Un projet de modernisation du centre hospitalier est dans les tuyaux avec, entre autres, un nouveau bâtiment et une consolidation du plateau technique. Coût de l’opération : 75 millions d’euros, soutenu par l'ARS à hauteur de 50 millions sur 5 ans.
Dans un communiqué de ce 15 mai, la direction annonce qu'elle propose une rencontre le vendredi 17 mai à 10h avec les agents des urgences et de réanimation avant la tenue du Comité Social d’Établissement qui, lui, doit se tenir le 21 mai.
Lors de ce Comité Social d'Établissement, sera évoqué le projet de référentiel du temps de travail qui prévoit "notamment une organisation du travail en 7h30 pour les agents jusqu’à présent en amplitude de 7h36 ainsi que le retrait du temps de repas du temps de travail effectif".
Dans son communiqué, la direction ajoute qu'en l'absence d'accord avec les organisations syndicales, elle "complètera néanmoins la présentation du projet de référentiel du temps de travail de mesures fortes d’accompagnement qui sont porteuses d’un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle". Pour cela, elle proposera "l'attribution de deux journées par an au titre du temps d’habillage pour les professionnels éligibles, en fonction des quotités et rythmes de travail". Elle ouvrira également "une enveloppe exceptionnelle de 500 000 euros pour l’année 2024 afin de régulariser partiellement les reliquats d’heures des personnels en balance horaire positive". Et enfin, sera proposé "à compter de janvier 2025 de nouvelles organisations de travail, variées, répondant mieux aux aspirations des professionnels (...) dont une réflexion d’organisation en semaine de 4 jours peut s’inscrire dans ce cadre" pour les personnels techniques, logistiques et administratifs en décompte horaire.
Informations pratiques
L’accès aux urgences gynécologiques et aux urgences médicales pédiatriques (enfants malades) situées dans le pavillon de la Femme et de l’Enfant n’est pas impacté par cette mesure.
La maison médicale de garde de Saint-Brieuc reste ouverte : en semaine de 20h à 23h, le samedi de 14h à 23h, le dimanche et jours fériés 9h à 23h.