Castelbajac à Art-Rock : "ce qui me touche ici, c'est la passion, la mémoire, le granit"

Le grand couturier nous a accordé un entretien en marge d'une ultime répétition sur la grande scène. Celui qui a passé ses vacances en Bretagne a baigné dans un imaginaire fait de mystères et de chevaliers du Moyen-âge. On retrouve les cornemuses et des "hope soldiers" dans son défilé.

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Comment avez-vous réagi lorsque Jean-Michel Boisnet vous a appelé ?

J'ai passé mon enfance à Saint-Gildas-de-Rhuys, j'ai un héros qui s'appelle Du Guesclin. Chaque ville de Bretagne à une histoire, un fait d'armes du Moyen-âge qui résonne en moi. Je me suis dit: je veux parler de la Bretagne. Je suis très ému par le son de la cornemuse. Pas les cornemuses de la danse, mais celle qui accompagne, celle qui donne de la force, presque militaire. J'ai construit autour de cette idée, j'ai appelé Benoit (Mr Nô, le DJ), je lui ai dit : je veux un boléro avec un bagad... Et ça s'est cristallisé autour de ça.

On retrouve quoi dans ce défilé ?

J'avais envie de renouveler tout ce que j'avais fait à Lille. Ce sont des personnages qui vont vers l'espoir : il y a 25 "hope soldiers", qui sont 25 jeunes filles merveilleuses qui sont venus au casting sauvage à Auchan (il y a quelques jours) et puis ensuite il y a 10 fantômes, comme des chevaliers du Moyen-Âge. Les fantômes sont toutes teints en blanc et incarnent cette frontière qu'on a tous en nous avec l'invisible, avec la mémoire, ou avec le mystère.

Ce spectacle est une forme de protection, c'est une forme de mystère du Moyen-Âge. Et moi, je suis derrière mon clavier et je dessine selon l'inspiration qui me vient. Il y a aussi un DJ, Mr Nô, et aussi plein de surprises !

Qu'est-ce qui vous touche ici ?

Ce qui me touche ici, ce sont les murs, la mémoire, le granit. C'est la passion aussi, de tous ces endroits comme Saint-Brieuc qui ont ouvert une porte sur le monde. C'est un festival extraordinaire, quand on voit les gens qui m'ont précédé ici, c'est quand même remarquable ! Au-delà de ça, ce sont des lieux qui sont encore cristallisés dans une histoire, ce n'est pas le monde "karaoké", ce n'est pas le monde "cappuccino" avec des marques partout... On est encore dans quelque chose qui a un lien avec l'histoire, et moi, ça me bouleverse. La cathédrale-forteresse, elle est extraordinaire, ces maisons qui penchent, elles sont aussi belles que la Tour de Pise.

Ce qui me touche vraiment, c'est d'amener sur scène 75 Bretons. Il y en a qui viennent du Cambodge, il y a des Bretonnes qui viennent du Viêtnam, il y a une jeune fille qui vient d'Afrique : c'est très touchant, c'est une écriture pour demain. L'idée, à chacune de mes performances, c'est que les jeunes filles qui vivent cela ne soient plus jamais les mêmes, elles n'aient plus peur, que cela crée une sorte d'audace et de témérité.

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