Lutter contre l'illettrisme et réduire les inégalités linguistiques entre les enfants, ce sont les deux objectifs du dispositif "Deux mots par jour". Une méthode d'apprentissage de vocabulaire en maternelle expérimentée depuis 6 ans et mise en place à Saint-Brieuc par des équipes enseignantes.
Dans les premières années de scolarisation, en grande section de maternelle, selon des résultats d'études, la différence entre deux enfants peut aller de 500 à 2500 mots connus. A titre de comparaison le nombre de mots nécessaires au langage courant est estimé à 3000 mots, mais un adulte dispose en moyenne de 5000 mots et pour un locuteur cultivé, ça peut monter à 30 000.
C'est ce constat de l'inégalité linguistique à l'école qui a conduit des équipes enseignantes des Côtes d'Armor, à mettre en place ce dispositif dans le but de les réduire.
Deux mots par jour, une méthode expérimentée depuis 2009
"Deux mots par jour" est donc une méthode d'apprentissage du vocabulaire, expérimentée depuis 2009 et destinée aux enfants de maternelle. Il s'agit d'ateliers, intensifs, structurés, ritualisés et quotidiens, car on sait qu'un enfant a besoin de répéter au moins 10 fois un mot pour l'assimiler. Des ateliers qui passent essentiellement par le jeu, avec cartes et dés ou sur tablettes numériques.
Cette méthode, appliquée de la petite à la grande section, est même transposable en primaire, voire même en 6ème. Et elle se développe petit à petit dans les écoles bretonnes, des Côtes d'Armor, de l'Ille-et-Vilaine et du Finistère. Un millier d'enfants en bénéficieraient actuellement.
Pour ces "deux mots par jour", L' application "Themots" existe d'ailleurs pour les tablettes, avec les diaporamas sur les cinq thèmes déclinés, l'école, la motricité, le corps humain, le jardin et les émotions.
Un moyen de lutte contre l'illettrisme
Ce dispositif est aussi un moyen de lutte contre l'illettrisme. On dispose de peu de chiffres en Bretagne sur le sujet, un peu tabou ici, dans "l'Académie de toutes les réussites".
On ne peut compter ici que sur les résultats très partiels des tests JCD, ou journées défense et citoyenneté, concernant donc les jeunes de plus de 17 ans.
Ainsi selon les chiffres de 2014 : 3% de ces jeunes sont en situation d’illettrisme en Bretagne et 7% en difficulté de lecture.
Si on regarde ces chiffres sur l'ensemble de la France pour ces jeunes, on compte 4% d’illettrisme, et 9,6% en difficulté de lecture. Sur l'ensemble du territoire national, en revanche, on dispose de chiffres et chez les 18-65 ans, 2,5 millions de personnes sont en situation d’illettrisme, soit 7% de cette tranche de population.
Le reportage à l'école Curie de Saint-Brieuc (22)
- Margaux, 6 ans
- Laurence Le Corf, professeur des écoles - Saint-Brieuc
- Fanny De La Haye, maître de conférence en psychologie cognitive - ESPE Bretagne
- Hywel, 5 ans