Le maire de Saint-Brieuc, en Côtes-d’Armor, Hervé Guihard, a été victime d’une attaque, dans la matinée, par un homme dans un bar du centre-ville. Il a été touché au niveau de la tête, après avoir reçu des coups. L’élu a été transporté à l’hôpital, tandis que l’agresseur a été interpellé par la police.
Hévé Guihard, maire de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d’Armor, a été agressé par un homme, dans un bar du centre-ville, dans la matinée de ce jeudi 26 septembre.
C'est aux alentours de 9 heures, que la police a reçu l'alerte. Yoann Léandri, secrétaire zonal Unsa Police pour la Bretagne, explique qu'un appel a été reçu pour "un homme armé, muni d’un couteau, voulant tuer le maire, café de la poste".
Dans un premier temps, "la brigade secours de Saint-Brieuc est arrivée très rapidement", puis elle a eu le soutien du groupe de sécurité de proximité (GSP) du commissariat de Saint-Brieuc. En tout, six policiers sont intervenus.
L'homme a été interpellé et placé en soins psychiatriques.
Le maire légèrement blessé, et une arrestation tumultueuse
À l'arrivée de ces derniers, il n'y avait plus personne dans ce petit bar, de "15 mètres sur 20". "Il restait le maire, le gérant et le suspect." C'est alors qu'ils sont tombés face à "un individu armé d’un grand couteau, faisant des allers-retours. Il voulait se suicider à l’arrivée de la police", relate Yoann Léandri. "Le couteau sous la carotide, il voulait mettre fin à sa vie."
Les policiers ont ensuite tenté de le canaliser. "L'un des six a utilisé le PIE", le pistolet à impulsion électrique. Ca n'a "fait aucun effet sur lui". Yoann Léandri décrit l'interpellation : "avec un sang-froid exemplaire, ils ont sauté dessus, tout en sachant qu’il avait toujours le couteau dans la main".
Le secrétaire zonal Unsa Police pour la Bretagne rapporte que les six policiers "sont choqués".
Avant l'intervention, l’élu a été touché à la tête avec le manche de l’arme blanche. Ce dernier nous a confirmé, quelques heures après les faits, qu'il a été transporté à l’hôpital pour des blessures légères. "Je suis aux urgences mais je n'ai rien de grave", a-t-il rassuré.
L'auteur présumé suivi pour des troubles psychologiques
D'après France Bleu Armorique, l'auteur présumé est suivi pour des troubles psychologiques. Le 1er juillet 2012, il avait tenté de tuer ses parents avec un sabre japonais, avant de prendre la fuite. Il avait été interpellé le lendemain puis placé en garde à vue, avant d'être hospitalisé d'office dans une unité psychiatrique à Plouguernével (Côtes d'Armor).
Il est aussi suspecté d'avoir déjà agressé verbalement et publiquement le maire auparavant. C'était le 30 mai dernier, lors du passage du candidat Raphaël Glucksmann pendant la campagne des élections européennes.
Cette semaine, il avait assisté à un procès devant le tribunal de Saint-Brieuc, en tant que victime. Six hommes y étaient jugés pour des faits de violence lors de cet événement. Lui avait pris un coup de matraque et il avait déclaré au cours du procès qu'il en voulait "aux institutions", estimant qu'elles n'avaient "pas assez réagi après cette agression".
S’en prendre à un maire, c’est s’attaquer à la République
Catherine Vautrin, Ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation
Suite à cette agression, plusieurs personnalités de la classe politique ont apporté leur soutien, comme Raphaël Glucksmann. "Tout mon soutien à Hervé Guihard, un homme génial, un maire extraordinaire, mon ami. Il aurait pu mourir sous les coups d’un agresseur qui le menaçait depuis des mois", écrit-il sur le réseau social X.
Tout mon soutien à Hervé Guihard, un homme génial, un maire extraordinaire, mon ami. Il aurait pu mourir sous les coups d’un agresseur qui le menaçait depuis des mois…
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) September 26, 2024
La violence envers nos maires/élus doit cesser. Ou la démocratie ne survivra pas à la brutalisation permanente. https://t.co/6YUmFXXhkb
"S’en prendre à un maire, c’est s’attaquer à la République", a exprimé, Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation.
De son côté, David Lisnard, maire de Cannes et président de l'Association des Maires de France déplore : "une attaque contre la République. Mais, c'est avant tout l'attaque d'un homme. Et c'est une réalité physique que l'on rencontre de plus en plus". Il rappelle que, "malheureusement, statistiquement en trois ans, il y a eu plus de 50 % d'augmentation des agressions sur les élus, sur les maires".
David Lisnard pointe l'exposition des maires à "l'incivisme"
"On est exposé de plus en plus à des individus qui se comportent soit comme des adolescents attardés, capricieux, violents, soit à des gens un peu dérangés et qui peuvent être violents", rapporte David Lisnard. "On passe notre temps à faire appliquer des règlements, à dire non, parce que c'est un mandat physique courageux. Notre uniforme, nous, on l’a tout le temps sur nous. C'est notre tronche", poursuit David Lisnard. Le maire est une figure connue "partout, où [qu'il] aille".
Dans son intervention, auprès de l'AFP, il a pointé un problème civique et démocratique même si "il y a eu des évolutions législatives positives", acquiesce-t-il : "C'est reconnu désormais comme circonstance aggravante que de s'attaquer à un maire comme dépositaire de l'autorité publique". Selon lui, si cela "renvoie à l'incivisme qui se développe, au délitement de la conscience des individus, à leur responsabilité dans le groupe", la faute est aussi "la réalité de la politique pénale".
Concernant l'affaire du maire de Saint-Brieuc, le procureur de la République, Nicolas Heitz, doit donner plus d’information dans la journée de ce jeudi 26 septembre.
Avec l'AFP.