Migrants secourus en Manche. L'enquête avance mais de nombreuses zones d'ombre demeurent

Pour le procureur de la République de Saint-Brieuc, les auditions des migrants secourus au large de Saint-Malo ne permettent pas encore de savoir d'où ils venaient précisément et comment ils en sont arrivés à s'entasser à 27 dans un petit canot. Pour autant, l'enquête avance sur certains points.

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Le 8 juillet dernier, au petit matin, 27 migrants étaient secourus en pleine mer vers le plateau des Minquiers, au sud de l'île de Jersey. Ils avaient embarqué sur un canot de 6 mètres de long. À son bord, 27 personnes dont 10 enfants. Acheminés sur Saint-Malo par un patrouilleur des douanes, ils avaient été pris en charge, sains et saufs, par les services de l'Etat.

 

Partis de la baie de Paimpol

Suite au sauvetage de ces 27 migrants, les premières auditions des rescapés avaient permis de comprendre qu'ils avaient pris la mer au départ d'un port des Côtes d'Armor. C'est pour cette raison, que l'enquête avait rapidement été confiée au parquet de Saint-Brieuc. De même, dès le lendemain soir du sauvetage, un des hommes présents sur le bateau et soupçonné d'être un passeur avait été mis en examen pour "aide au séjour irrégulier dans des conditions mettant en péril la vie des passagers" puis incarcéré.

Pour Bertrand Leclerc, procureur de la République de Saint-Brieuc, à ce jour, avec les investigations complémentaires des enquêteurs, il n'y a plus beaucoup de doutes sur le fait que l'embarcation serait partie de la baie de Paimpol, "une zone choisie par le passeur pour être facile d'accès avec des grèves et une côte peu contrôlée". 
 

 

Venus du nord de la France

De même, selon le procureur, "tout laisse penser, suite aux dires des migrants, qu'ils étaient précédemment dans le nord de la France, région la plus propice et habituelle de convois de migrants vers l'Angleterre".

Face à tous les contrôles effectués sur le littoral nord de la Manche, cela pourrait laisser penser que le groupe aurait été acheminé vers les Côtes d'Armor dont les côtes sont moins surveillées, les "convois" vers l'Angleterre n'existant pas ou peu.
 

Une organisation type filière derrière cette opération

Même si pour Bertrand Leclerc, "ça fait un petit peu amateur le bateau qu'ils ont pris, entassés à 27 dedans, sans gilets de sauvetage", il est cependant impossible "que ce soit organisé par un seul homme" en l'occurrence l'homme de 27 ans placé en détention et soupçonné d'être le passeur. "Y a forcément quelque chose derrière" précise le procureur. "L'homme qui se présente comme Koweïtien nous donne des prénoms mais avec seulement des prénoms, vous n'allez pas bien loin" ajoute-t-il.

Pour Bertrand Leclerc, il faut déterminer l'origine du bateau : "On est en train de chercher comment ils ont acquis ce bateau et d'où il vient. Pour l'instant, ce bateau-là, il est un petit peu anonyme, sans immatriculation. On ne sait pas si on va pouvoir véritablement en remonter l'origine. Il y a des opérations de police technique là-dessus et des vérifications auprès du constructeur."

Élément qui laisse aussi peu de doute concernant la piste d'une filière rodée, ce sont les 2000 euros par personne, enfant compris, demandés à chaque personne pour la traversée.


Jersey comme destination première

Une autre information semble se confirmer également, c'est la destination de cette folle expédition : Jersey. "Par contre, on ne sait pas du tout comment ils envisageaient par la suite de se rendre en Angleterre" explique Bertrand Leclerc, "ils auraient été là-bas sans doute attrapés, testés anti-covid, placés peut-être à l'isolement et gérés par les services d'immigration, mais là, on a aucune information sur leurs intentions".


Une expédition sidérante

Pour Bertrand Leclerc, l'expédition de ces 27 hommes, femmes et enfant dans une seule embarcation "en mauvais état" est tout simplement sidérante : "Ils sont partis visiblement avec trop peu de carburant et une méconnaissance totale des réalités nautiques du secteur, où les eaux sont parfois tumultueuses. Une expédition suicidaire."

 

Hébergés dans un hôtel de la périphérie rennaise

Selon nos informations, lors de leur prise en charge à Saint-Malo le 8 juillet, les migrants ont été tous dépistés au Covid. Un des tests s'est révélé positif. Ils ont donc tous été hébergés vers un hôtel de la périphérie rennaise et placé en quarantaine.

 

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