Trouver les mots justes, les bons gestes...Comment les gendarmes se forment pour annoncer un décès brutal

La Bretagne détient un triste record : celui du nombre de suicides par an. Chaque année, 680 personnes se donnent la mort, selon les derniers chiffres de l’Observatoire régional de la Santé. Tous les départements sont touchés mais davantage encore les Côtes-d’Armor. Parce qu'annoncer un décès brutal est une mission délicate, les gendarmes suivent désormais une formation spécifique.

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Depuis trois ans, tous les gendarmes des Côtes-d’Armor sont sensibilisés aux décès brutaux. Les formations se déroulent en partenariat avec l’association Jalmalv 22, créée en 1989 et spécialisée dans l’accompagnement du deuil.

Ce jour-là, c'est dans une salle que gendarmes et membres de l'association sont réunis pour une session particulière à Saint-Brieuc. Les thèmes sont délicats. La formation aborde l'annonce du décès brutal, l'accompagnement des familles, le répérage lors d'intervention de risque de crise suicidaire. Autant de situations auxquelles ces professionnels sont confrontés un jour ou l'autre dans leur mission.

A peine en poste, ce jeune gendarme-adjoint, volontaire à la brigade de Quintin, a vécu une situation difficile. "J'ai fait une intervention sur une tentative de suicide où la personne s'était tranchée la gorge. Elle a été sauvée de justesse par les pompiers, il y avait énormément de sang. J'ai eu du mal à dormir après " explique t-il.

Des outils et des clefs pour l'annonce

La formation donne un cadre pour trouver la bonne attitude face à ces situations : suicides, mais aussi accidents de la route ou morts violentes. Le lieutenant-colonel Laurent Kerdoncuff, du groupement de gendarmerie des Côtes-d'Armor, insiste sur la nécessité d'être bien formé. "L'enjeu, c'est de disposer de clefs pour être à l'aise lorsqu' on doit faire une annonce douloureuse aux familles, indique-t-il. Souvent, nous sommes accompagnés par les maires. Il faut préparer notre message en amont et pouvoir anticiper la réactions à l'annonce du décès."

Notre rôle est d'annoncer la mort d'un proche mais de tout faire pour limiter le traumatisme de la famille

Lieutenant-colonel Laurent Kerdoncuff

Groupement de gendarmerie des Côtes-d'Armor

Quand un gendarme frappe à votre porte en uniforme, il est souvent porteur de mauvaises nouvelles. C'est pour les aider dans cette tâche qu'Anne Gicquel, bénévole à Jalmalv 22,  apporte son expertise durant la formation. "Il faut être bienveillant et à l'écoute pour ne pas aggraver la douleur et le deuil. Si vous n'êtes pas en mesure d'assurer cette mission, il faut s'autoriser à se mettre en retrait" dit-elle.

Quand vous êtes face à un enfant, il faut lui dire clairement que la personne est morte et ne pas dire par exemple qu'elle est au ciel ou en voyage. Il faut aussi lui expliquer que ce n'est pas sa faute car il peut se sentir responsable

Anne Gicquel

Bénévole à Jalmalv 22

Cette mission peut aussi affecter les gendarmes. Un dispositif d'écoute avec des psychologues cliniciens et le service santé des armées a été mis en place pour leur rappeler qu'ils ne sont pas seuls face au poids de ces situations.

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Depuis 2019, les gendarmes des Côtes-d'Armor sont formés à l'annonce de décès brutal. Ces professionnels y sont souvent confrontés. Pour eux, comme pour les proches auxquels ils doivent s'adresser, l'association Jalmalv est à leur écoute. ©V. Chopin, A. Calvez et D. Dallemagne

La gendarmerie des Côtes-d'Armor a par ailleurs formé des formateurs relais. Elle travaille avec une autre structure, la Fondation « Bon sauveur » dans le cadre d’un dispositif qui propose un accompagnement aux familles endeuillées par un suicide.

(Avec Valérie Chopin)

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