Covid-19 : le casse-tête des dentistes pour organiser les soins urgents sans propager l’épidémie

Identifiés parmi les métiers les plus à risque face au nouveau coronavirus, les chirurgiens-dentistes n’assurent plus que les soins urgents. En Bretagne, les cabinets ont fermé et se relaient pour assurer des gardes et soigner les maux les plus graves, malgré le manque de moyens de protection.


Les visites de contrôle et les soins programmés, comme les poses d’implants ou de couronnes, ont tous été annulés depuis le 17 mars au cabinet de Romain Marcaud. Comme ses collègues, ce chirurgien-dentiste de Ploudalmézeau, dans le Nord-Finistère, assure bénévolement une permanence téléphonique.

"Nos patients peuvent nous appeler ou nous contacter par courriel, sept jours sur sept, et selon la gravité, nous les conseillons, nous leur rédigeons une ordonnance ou nous les orientons vers les cabinets de permanence", explique le praticien.

L’ordre national des chirurgiens-dentistes a aussi mis en place une plateforme de téléconsultation, également disponible sur les téléphones portables, pour orienter chacun au mieux.
 

Trois types de soins d'urgence


Dans le Finistère, l’ordre départemental a organisé un roulement entre professionnels pour assurer les soins d’urgence, qui se résument à trois types de cas : le traumatisme, comme une dent cassée, l'infection ou des douleurs très importantes.

Toute autre intervention est proscrite, car un cabinet dentaire est l'un des endroits les plus propices à la contamination, en raison de l’utilisation d’eau pulvérisée pour le matériel de soin. Des petites gouttelettes d’eau restent alors en suspension dans l’air du cabinet. Plusieurs études ont identifié ce milieu en aérosol comme un vecteur très fort pour les maladies qui se propagent par la salive comme le Covid-19.
 

Un temps par patient doublé


Les dispositifs de protection déjà en vigueur en temps normal ont donc été renforcés : gants, masques, lunettes, blouses, sur-blouses et utilisation d'un champ opératoire pour isoler la bouche du patient. Et l’ensemble du matériel est entièrement désinfecté entre deux interventions.

"Après une intervention d’une demi-heure, il nous faut autant de temps pour tout nettoyer et ventiler, afin d’écarter le risque de contamination pour le patient suivant", décrit le docteur Jildaz le Courant, chirurgien-dentiste à Saint-Méen-le-Grand (35).

Ce temps supplémentaire limite le nombre d’interventions par cabinet à six ou sept par jour, d’autant que les professionnels dentaires manquent aussi de matériel comme les masques de protection. Dans le Finistère, la capacité totale d’accueil est limitée à 25 patients par jour, malgré le service de garde mis en place.
 


Quelques cliniques en dehors des clous


L’ordre national des chirurgiens-dentistes remarque que certains centres de soins auraient maintenu des consultations non-urgentes, et en appelle au Premier ministre et au ministre de la Santé pour qu’ils clarifient la situation. Jusqu’à présent, c’est la profession qui s’est organisée pour limiter le risque de propagation en conseillant la fermeture des cabinets libéraux depuis le 17 mars.

Dans un courrier daté du 30 mars, ses représentants réclamaient un arrêté ministériel qui interdit tous les soins en dehors des urgences. "Cet arrêté éviterait en particulier l’ouverture sauvage de cabinets en détresse économique", précisent les présidents des ordres des régions les plus touchées par l’épidémie de Covid-19, l’Ile-de-France et le Grand-Est notamment.

Pour faire face à cette nouvelle réalité, les chirurgiens-dentistes ont obtenu de l’Assurance maladie une revalorisation des consultations d’urgence et une indemnité journalière pour les professionnels qui assurent les permanences.
 
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