Les négociations entre les producteurs de lait et Lactalis sur le prix du lait, qui ont échoué dans la nuit de jeudi à vendredi, ont repris vendredi à 18h à la préfecture à Laval, a-t-on appris auprès des syndicats agricoles et du du ministère de l'Agriculture, qui avait appelé à cette reprise.
Après l'échec des négociations entamées jeudi à la Maison du Lait à Paris, malgré 11 heures de discussions, une nouvelle rencontre a commencé à la préfecture de la Mayenne. L'objectif est de tenter de trouver une sortie du conflit sur le prix qui oppose le géant du lait aux producteurs français, et au blocage du site Lactalis de Laval qui dure depuis lundi soir.
Hausse de 15 euros les 1000 litres de lait
Cette réunion sera "sur le même format que la réunion parisienne, mais sans le médiateur" Francis Amand, a-t-on appris auprès de la préfecture. Le groupe Lactalis a annoncé vendredi matin une hausse du prix du lait de 15 euros au 1er septembre, soit environ 271 euros la tonne, malgré l'échec des négociations, un pas en avant jugé insuffisant par les organisations syndicales, qui poursuivent leur blocus à Laval.
"Démontrer qu'on continue d'aller de l'avant"
"En dépit de l'attitude irresponsable de la FNSEA, le groupe Lactalis augmente, dès le 1er septembre, le prix du lait", avait annoncé Lactalis dans un communiqué. Contacté vendredi matin, le porte-parole du groupe, Michel Nalet, avait souligné que la proposition de Lactalis avait pour objet de "démontrer qu'on continue d'aller de l'avant et de négocier". "Nous avons eu des interlocuteurs qui ne voulaient pas négocier hier (jeudi), j'espère qu'on va faire bouger les lignes", avait-il ajouté.
Une quarantaine d'agriculteurs sur le blocus
La proposition a été froidement accueillie par les syndicats agricoles, qui bloquent depuis lundi soir l'usine de Lactalis près de Laval. La Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de Mayenne a déclaré sur Twitter: "Ne vous faites pas avoir. Ce n'est que de la «com'». Lactalis est un pro de la com".
Vendredi midi, une quarantaine d'agriculteurs continuaient d'occuper le giratoire donnant accès à l'usine, rebaptisé le rond-point de la "honte du lait". "S'en aller c'est donner victoire, si on laisse l'accès a l'entreprise, elle a gagné à jamais", a déclaré à l'AFP Pascal Clément, président de la section laitière de la Fédération régionale des syndicats agricoles (FRSEA) du grand Ouest. Quant aux 15 euros de plus proposés par Lactalis, "Il est clair que l'offre peut être largement améliorée", a-t-il estimé.
Un minimum de 300 euros
Pour Franck Guéhennec, président de la FDSEA du Morbihan, "le prix doit être au-dessus de 300 euros pour la fin de l'année". A l'usine Lactalis, des tours de garde sont d'ores et déjà prévus jusqu'à lundi. Selon le président de la FDSEA de Mayenne, Philippe Jéhan, les fédérations régionales de Normandie, Bretagne et Pays de la Loire ont par ailleurs reçu dans la matinée une assignation à comparaître vendredi devant le tribunal de Laval. Initialement prévu à 14h, l'examen de cette assignation était finalement
reporté en fin de journée.
Echec des négociations : le Ministre appelle à renouer le dialogue
A l'issue des premières négociations, le médiateur avait précisé qu'il avait fait une "proposition de la dernière chance à 280 euros les 1.000 litres" pour les cinq derniers mois de 2016 par rapport à un prix actuel d'environ 257, ce qui portait l'augmentation à 23 euros, une offre qu'avait acceptée Lactalis mais refusée par les représentants des producteurs. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avait appelé vendredi les parties prenantes à "reprendre au plus vite les négociations". Il a annoncé par ailleurs qu'il présentera mardi le plan français de régulation de la production laitière. La Commission européenne avait annoncé le 18 juillet une enveloppe de 500 millions d'euros pour soutenir le monde agricole, dont 150 millions pour inciter à réduire la production de lait.
