Depuis plusieurs années, les étangs bretons connaissent une importante pollution aux cyanobactéries. À Baulon (35), le propriétaire de l'étang de la Musse lance l'alerte depuis plusieurs années, en vain. Au fil du temps, la situation empire.
Les cyanobactéries envahissent les eaux de Bretagne depuis plusieurs années déjà. À Baulon (35), Bruno de Pioger est un habitué : depuis 2011, elles ont envahi ses étangs, notamment celui de la Musse.
Habituellement, ces bactéries prolifèrent au printemps, lorsque l'eau dépasse 15°C, et disparaissent à l'automne. Régulièrement, l'été, la baignade est interdite.
Mais le phénomène s'aggrave : chaque année, leur présence s'étale dans le temps. "C'est un phénomène récurrent qui prend de plus en plus d'ampleur depuis 2011, témoigne Bruno. Il va falloir prendre le taureau par les cornes. On ne peut pas laisser un plan d'eau de cette importance, qui alimente le ruisseau sur une trentaine de kilomètres avant qu'il se lâche dans la Vilaine, se dégrader", regrette-t-il.
Rien n'est fait
"Ce qui nous inquiète, c'est que depuis 2011, on a alerté de manière régulière les pouvoirs publics. On leur a envoyé les résultats d'analyses faites pas des laboratoires spécialisés. Mais on n'a eu aucune réponse de qui que ce soit", constate Bruno, amer.Pourtant, les analyses qu'il a fait diligenter, il y a trois ans, sont formelles. Au cœur de son étang, la concentration en cyanobactéries est de 916 000 cellules par mL d'eau. La législation prévoit qu'à partir de 100 000 cellules par mL d'eau, la baignade doit être interdite.
"Ce développement des cyanobactéries est dû à la modification des pratiques agricoles et des techniques d'élevage, depuis 30 ans", note Bruno. "Et puis on a supprimé des kilomètres de talus, remplacés par des kilomètres de fossés. Dès qu'il pleut 30 mm, toute l'eau arrive à la rivière, lessive les sols et génère une accumulation des phosphates et des nitrates dans les bas-fonds."
La Vilaine affectée
Les étangs se déversent dans le Canut, un affluent de la Vilaine, une zone délaissée jusqu'à présent. "C'est un des bassins versants orphelins d'action globale de gestion de la qualité d'eau, de la gestion du milieu aquatique à l'échelle du bassin versant, et ça se traduit par des seuils largement dépassés", précise Florian Guérineau, technicien à la Fédération de Pêche et de protection des milieux halieutiques.Ces derniers jours, sans lien forcément avec la pollution des étangs, la Vilaine a, elle aussi, pris une coloration verdâtre. Les pompiers ont été prévenus mais ne se sont pas inquiétés, habitués à ce phénomène qui se renouvelle régulièrement.
Aucune réaction officielle ne nous a, pour l'heure, été communiquée.
Reportage : I. Rettig / T. Bouilly / P. Nau