"Certains habitants n'osent plus faire pousser de fruits et légumes dans le jardin" des étudiants à la rescousse pour analyser un quartier contaminé par une pollution au plomb

Dans le quartier des Minimes au nord de Toulouse (Haute-Garonne), des étudiants en master proposent aux habitants de venir analyser leurs sols, largement pollués au plomb. Une initiative bienvenue dans cette zone où l'inquiétude grandit.

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De nouvelles analyses vont pouvoir être effectués au nord de Toulouse, où les sols des quartiers des Minimes et de Fondeyre sont pollués par une forte concentration en plomb après la fermeture de la Société de Traitement Chimique des Métaux (STCM) en 2020.

Les étudiants du Master 2 TRENT (Transitions Environnementales dans les Territoires) de l'Université Toulouse II, en collaboration avec le comité de quartier Minimes - Barrières de Paris, vont réaliser des analyses de terre chez chaque habitant volontaire durant les mois de novembre et décembre.

"Nous sommes ravis de voir la jeunesse universitaire s'investir dans ce projet. Ils vont être d'une grande aide", se réjouit Serge Baggi, président du comité de quartier. Chaque résident de la zone polluée peut s'inscrire pour avoir une estimation du taux de pollution dans le sol de son jardin.

Pour rappel, une ancienne fonderie de plomb, installée en 1952 près du site de Fondeyre, a causé la pollution d'une large zone autour de l'usine, fermée en 2020.

Ce sont des analyses du sol réalisées en 2022 dans le cadre du démantèlement de l'usine qui ont permis de révéler des teneurs en plomb supérieures au seuil déterminé par le Haut Conseil pour la Santé Publique (HCSP), faisant craindre un éventuel scandale sanitaire.

À lire aussi : Pollution au plomb d'un quartier de Toulouse : une réunion publique renforce les suspicions d'un possible scandale sanitaire liée à la STCM

De nombreuses analyses déjà effectuées

"Depuis ces premières analyses inquiétantes, nous en avons demandé davantage à l'extérieur du site", assure Serge Baggi, conscient de l'angoisse qui plane chez les habitants du quartier.

Ainsi, les sols de certains parcs, de lieux fréquentés par les enfants mais aussi d'habitations parmi les plus contaminées ont été analysés l'année dernière. Dans la zone la plus polluée, la concentration de plomb dépasse les 300 mg de plomb par kg de sol.

"Nous sommes satisfaits par ces analyses, mais les étudiants vont permettre d'augmenter encore leur nombre en se focalisant autour de la zone la plus contaminée, précise le président du comité de quartier. Grâce à eux, nous allons pouvoir réaliser 200 analyses supplémentaires".

Le plomb présente des risques pour la santé

Au total, c’est 12 000 personnes qui pourraient être concernées par cette pollution au plomb. Le métal peut avoir un impact sur la santé des plus fragiles et notamment les enfants de moins de 7 ans. En effet, le plomb peut occasionner des retards de développement et des atteintes du système nerveux en étant à l'origine du saturnisme. Deux cas de cette maladie ont été relevés dans la zone polluée après 300 analyses de sang effectuées auprès des habitants.

"En continuant les analyses avec les étudiants, nous répondons aux inquiétudes des habitants. Ces derniers peuvent individuellement demander une étude de leurs sols et se rassurer. Aujourd'hui, certains n'osent plus faire pousser des fruits et légumes dans le jardin", confie Serge Baggi.

L'étude des élèves du Master 2 ne va pas se restreindre à l'analyse des terres. Ces derniers vont également apporter une expertise sur la réglementation en vigueur et réaliser une étude sociologique sur la perception des habitants à propos des risques liés à cette pollution au plomb.

"En rédigeant un ouvrage scientifique et technique, les étudiants vont permettre de laisser une trace importante sur cette histoire", assure Serge Baggi.

Le comité de quartier Minimes - Barrière de Paris attend désormais un plan de gestion pour connaître quelles mesures vont être proposées aux habitants résidant dans la zone la plus polluée. "Nous aimerions que les habitants soient indemnisés à hauteur de la dévaluation de leurs biens ou que les terres soient totalement remplacées", conclut le président du comité.

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