Pollution au plomb d'un quartier de Toulouse : une réunion publique renforce les suspicions d'un possible scandale sanitaire liée à la STCM

Lors d'une réunion d'information sur la dépollution du site de la STCM à Toulouse (Haute-Garonne), deux habitantes ont affirmé être atteintes de saturnisme et avoir alerté de longue date du danger aux autorités. Ces témoignages restent à confirmer mais questionnent sur l'ampleur de ce problème sanitaire.

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Cette réunion publique à la Maison de la Citoyenneté des Minimes, le 15 décembre 2022, devait être l'occasion pour les autorités de présenter le programme de dépollution du site de la STCM, installée depuis 1952 dans le nord de Toulouse (Haute-Garonne) et spécialisée dans recyclage de batteries. Il n'en fût rien. Ce sont les inquiétudes, les interrogations des habitants et l'ombre d'un éventuel scandale sanitaire qui ont plané sur cette présentation. Les témoignages de deux femmes, vivant dans le quartier des Minimes près du site de Fondeyre, ont provoqué la stupéfaction de l'assistance composée d'une cinquantaine de personnes.

"Nous étions sous le choc. Elles ont évoqué leur détresse de ne pas avoir été écoutées et entendues tout au long de ces années. Cela a semblé mettre mal à l'aise les représentants de la Dreal et de l'ARS présents" témoigne un participant.

Atteintes de saturnisme depuis 10 ans

Ces récits pourraient se révéler en effet explosifs. Le comité de quartier Minimes - Barrière de Paris rapporte la scène dans son compte rendu : " deux personnes souffrant d’empoisonnement chronique au plomb", ont mis directement en cause "la STCM et assurent que malgré leurs alertes auprès de l’ARS, rien n’a été fait à leur égard."

Seule une habitante, Elizabeth, était pour le moment identifiée comme atteinte de saturnisme. Cette Toulousaine de 36 ans, enceinte, s'est récemment fait tester après l'alerte lancée par les pouvoirs publics.

"Ce sont des témoignages forts, puissants que nous prenons très au sérieux mais qui nécessitent d’être regardés de près, estime Serge Baggi, président du comité de quartier Minimes - Barrière de Paris. Nous travaillons à récupérer les documents qui permettent de confirmer leurs dires. C'est comme si nous retirons le couvercle d’une cocotte minute dont on ne connaît pas les ingrédients...."

Les questions désormais soulevées sont nombreuses :

Y-a-t-il d'autres victimes également atteintes de saturnisme depuis plusieurs années ? Les autorités ont elles été alertées alors qu'une thèse de doctorat de 2009, de l’Université de Toulouse, faisait état, à partir de données de la STCM (données de 2001 et 2004) d’une zone dans le quartier bien plus large polluée par le plomb et de concentrations plus fortes. ? Avaient-elles connaissance de teneurs en plomb supérieures au seuil acceptable déterminé par le Haut Conseil pour la Santé Publique (HCSP) avant le démantèlement de la société de recyclage de batterie ? Pourquoi n'avoir lancé cette veille sanitaire qu'en 2020, au moment de la fermeture du site de la STCM qui a rejeté du plomb dans le quartier depuis 1952 ?" 

De nombreux autres cas découverts ?

Serge Baggi  a l'impression "qu'en ce qui (le) concerne" ce n’est que le "début avant la découverte d'autres cas" : "la décision de l'Agence régionale de Santé de tenir cette réunion avec la Dreal est courageuse. Mais c’est un sujet difficile. Le directeur de l'ARS a été confronté à énormément de questions auxquelles il devra répondre. Mais il n'est pas le seul à être concerné par ces interrogations. Il y a d'abord le directeur de l’entreprise. C’est lui qui a en main l’outil industriel."

Les représentants des comités de quartier espéraient obtenir des réponses dès le 18 janvier 2023 lors de la tenue de la Commission de Suivi du Site Fondeyre, consacrée au site de la STMC et au dépôt de carburants ESSO, lui aussi classifié Seveso 2 seuil haut, et se réunissant une fois par an. Cette CSS a été reportée sans explications. "Elle est pourtant très importante" souligne Serge Baggi. 12.000 personnes sont potentiellement concernées par cette intoxication au plomb. 

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