Elle fut longtemps "l’île sans arbre", mais l’inventivité et la détermination d’un passionné au début du XXe siècle a doté l’ile de Batz d’un jardin botanique exotique étonnant. Entre palmiers et cactus ou plantations maoris, dépaysement au jardin Georges Delaselle.
C’est un tour du monde qui débute par une traversée, rapide comme le souffle du vent qui balaie cette île. Quinze minutes et vous voilà au milieu d’une palmeraie, au cœur d’une cacteraie, perdu au milieu d’une lande fleurie, ou de la végétation des terres australes. Un tour du monde en une heure à peine.
L'œuvre d'une vie
Ce voyage est né dans l’imagination d’un jardinier amateur passionné. Il s’appelait Georges Delaselle, il était assureur à Paris. Un de ses amis les plus proches lui fait découvrir l’île de Batz. C’est le coup de foudre immédiat. A l’époque, en 1897, c’est "l’île sans arbres", le terrain qu’il acquiert à la pointe du C’hleguer n’est que sable et dunes. Il décide d’y établir son oasis d’exotisme et de tranquillité.Pendant 20 ans, aidé d’ouvriers, il va faire creuser des cuvettes, créer des dunes artificielles, planter des cyprès venus de Californie, pour dessiner un espace protégé, "son jardin colonial", prêt à accueillir les trouvailles de sa passion botanique. En 1918, atteint de tuberculose, il décide de quitter Paris, et de venir s’installer définitivement sur l’île. Commence alors une vie d’isolement, entièrement dédiée à ce jardin. Encore 20 ans d’un dévouement qui façonne un petit paradis.
En 1937, fatigué, usé, Georges Delaselle, 78 ans, se résigne à vendre l’œuvre de sa vie. Il mourra sept ans plus tard sur l’île. En 1957, le jardin est revendu au comité d’entreprise de l’Aérospatiale qui y établira une colonie de vacances. Débute alors trois décennies de sommeil pour ce jardin magnifique, trois décennies qui faillirent lui être fatales.
Une renaissance en 1987
En 1987, une poignée de bénévoles se mobilise pour exhumer ces trésors de l’oubli. Les différents univers créés par Georges Delaselle sont enfouis sous les ronces, il faut défricher, retrouver les contours des murets de pierre, sauver les espèces qui végètent….Cette renaissance a été ensuite accompagnée par le paysagiste Gilles Clément qui a établi un projet d’évolution du jardin, un jardin devenu propriété du Conservatoire du Littoral en 1997.
Désormais, sur 2,5 ha, s’épanouissent près de 1600 variétés botaniques, une centaine étant introduites chaque année. Un univers exotique qui attire chaque année plus de 40 000 visiteurs.