Vous connaissiez "Stop Pub", voici "Oui pub". Pour lutter contre l'engorgement des boîtes aux lettres par les prospectus, et le gaspillage du papier, un nouveau dispositif testé en Bretagne.
Jusqu'ici, si vous souhaitiez ne plus recevoir de publicités dans votre boîte aux lettres, vous pouviez y apposer un autocollant "Stop Pub".
Pour aller plus loin dans la lutte contre le gaspillage, un nouveau dispositif est en phase d'expérimentation. En deux mots avec la nouvelle étiquette "Oui Pub", seules les personnes qui l'ont manifestement demandé pourront logiquement recevoir des prospectus publicitaires.
Douze kilos de prospectus par an et par habitant dans la boîte aux lettres
Le nouveau dispositif va d'abord être testé sur une quinzaine de territoires en France.
En Bretagne, le Smictom du Pays de Fougères et Leff Armor Communauté se sont portés volontaires.
Cette expérimentation est issue de la loi Climat et Résilience de 2021, qui reprend partiellement les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, qui avaient proposé d'interdire totalement la distribution de publicités dans les boites aux lettres.
Selon les chiffres de l'Ademe, l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie, les boîtes aux lettres françaises voient transiter chaque année 900 000 tonnes d'imprimés publicitaires, 12 kilos par habitant. Du papier imprimé généralement en couleur qui termine bien souvent à la poubelle, sans même avoir été consulté.
"Alors il nous faut réduire ces consommations de bois et d’eau", indique Jean-Michel Geffroy, le président de Leff Armor. "Ces ressources naturelles doivent être valorisées pour faire autre chose que des publicités".
Reportage sur le site pilote de Leff Armor
![](https://assets.webservices.francetelevisions.fr/v1/assets/images/7b/fb/8f/769030e7-065d-4031-9396-8340bb044f5a.jpg)
Sur ce territoire costarmoricain à partir du 1er septembre 2022 et pour 31 mois, la distribution d'imprimés publicitaires sans adresse sera donc interdite, sauf si un autocollant "Oui Pub" est visible sur la boîte aux lettres.
Avant l'entrée en vigueur de l'interdiction, qui remplace donc le dispositif "Stop Pub", une période d'information des habitants a commencé le 1er mai, période pendant laquelle les autocollants seront mis à disposition par les autorités locales, les annonceurs et les distributeurs.
Les inquiétudes des annonceurs et des distributeurs
Mais convaincre tous les interlocuteurs n'est pas chose facile. Les intérêts divergent, et certains ont beaucoup à perdre avec l'instauration de "Oui Pub".
"L'inquiétude porte au niveau des emplois, souligne Olivier Lanneau, directeur de Médiapost, principal acteur de la distribution des IPSA. "Nous avions 10 000 collaborateurs, on est déjà descendu à 8 000. Et de nouvelles réductions sont donc à craindre".
De son côté, Pascal Prodhomme, directeur de supermarché à Lanvollon, souligne que les imprimés qu'il fait distribuer, 700 000 prospectus chaque année, lui ramènent "quasi 15 % de la clientèle. Capital pour le chiffre d'affaires".
Le test va durer trois ans
A l'issue d'une période de test de trois ans, un comité d'évaluation sera institué "afin d'évaluer l'impact de l'expérimentation sur la production et le traitement des déchets papier, ses conséquences sur l'emploi, sur les secteurs d'activités concernés, sur les comportements des consommateurs, mais aussi sur les éventuelles difficultés de généralisation d'une telle mesure", indiquait début mai le Ministère de la Transition écologique
Et les députés décideront de généraliser ou pas le dispositif à l’ensemble du pays.