Le Professeur Gilles Edan, chef du pôle neurosciences au CHU de Rennes, a participé au Comité scientifique à l'origine de la proposition de loi votée ce vendredi. Pour lui, cette autorisation de l'expérimentation du cannabis thérapeutique est une "bonne nouvelle" pour les patients.
L'Assemblée nationale a donné, vendredi 25 octobre, son feu vert à une expérimentation de l'usage médical du cannabis. Celui-ci pourra être prescrit chez des patients en "impasse thérapeutique", souffrant de certaines formes d'épilepsies résistantes aux traitements, de douleurs neuropathiques (résultant de lésions nerveuses) non soulagées par d'autres thérapies, d'effets secondaires des chimiothérapies ou encore pour les soins palliatifs et les contractions musculaires incontrôlées de la sclérose en plaques ou d'autres pathologies du système nerveux central.
Environ 3 000 patients vont bénéficier de cette expérimentation. "Pour la sclérose en plaques, par exemple, on sait que l'inconfort est important et que les médicaments apportent un bénéfice incomplet. Le cannabis peut, dans ce cas, soulager le patient", affirme le Professeur Gilles Edan, chef du pôle neurosciences au CHU de Rennes.
Formation de professionnels
Le neurologue a participé, pendant un an, à un Comité scientifique sur l'évaluation de l'expérimentation du cannabis thérapeutique. Pour lui, le vote de l'Assemblée nationale est une "bonne nouvelle". Cependant, le neurologue insiste sur le caractère expérimental. "Ce n'est pas un produit miracle. Ça reste à évaluer de façon précise".
"Cette expérimentation va nous permettre de poser des questions qui ne sont pas encore résolues", affirme-t-il. Parmi elles, "le rapport bénéfices-effets secondaires". Il faudra également "être attentif quant aux combinaisons thérapeutiques". Pour tout cela, "les professionnels qui pourront réaliser ces prescriptions recevront une formation".
Cannabis thérapeutique, cannabis récréatif
Le cadre thérapeutique dans lequel se fera cette expérimentation est un élément important. "Car la confusion que peut faire la population entre les visées thérapeutique et récréative est source d'inquiétudes", relève le neurologue.
"Ce n'est pas parce que ça sert à soigner que ça peut être utilisé de manière générale", insiste-t-il. "Notamment chez les adolescents. Il ne faut pas perdre de vue que ces produits gênent le développement de leurs capacités cognitives."