Festival Interceltique de Lorient : la vraie star, c'est la cornemuse !

Oubliez Amy Macdonald, Tri Yann, Hevia et les autres têtes d'affiche musicales du Festival interceltique de Lorient 2017. La vraie star  de cette 47ème édition, qui s'achève dimanche, a un ventre flasque, un cri strident et de grandes pattes asymétriques : la cornemuse.

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L'incontournable "bagpipe", comme on l'appelle en Écosse, invitée d'honneur cette année, se fond dans le tartan rose de l'affiche officielle du rendez-vous lorientais. Fièrement arborée par ses sonneurs en kilt, elle est omniprésente sur les quais de la cité portuaire.

Ses plus prestigieux ambassadeurs, Fred Morrison, Andrew Frater ou Andy Wilson, donnent des masterclass. Une grande soirée lui était consacrée mercredi en hommage à Gordon Duncan, génie de la cornemuse disparu en 2005 à l'âge de 41 ans, et quelques festivaliers s'y essayent tant bien que mal.


Un instrument qui fascine



"Je n'ai pas suffisamment gonflé mon ventre au début et j'ai manqué de souffle, au point d'en avoir la tête qui tourne", raconte Raphaël après avoir emprunté l'instrument d'un musicien écossais. "Il m'a gentiment expliqué comment faire et j'ai finalement réussi à sortir un son. Pas très harmonieux, il faut le reconnaître."

Le jeune Vendéen confie avoir toujours été intrigué par la "forme particulière" de la cornemuse, avec sa "grosse poche d'air", et la "tenue traditionnelle" de ceux qui en jouent: "Je me suis senti dans les Highlands l'espace de quelques secondes." David Mitchell a grandi plus au sud de l'Écosse, sur les terres verdoyantes de la petite île de Cumbrae. Il en dirige aujourd'hui le "pipe band", fort de ses quarante années de cornemuse, dont il a commencé à jouer un peu par défaut. "Mon père ne voulait pas me payer des leçons de piano. Celles de cornemuse étaient gratuites", témoigne-t-il avec un fort accent écossais. "Je ne le regrette pas. C'est devenu un instrument très populaire."


Un instrument de guerre


Andrew Hunter, universitaire et musicologue écossais installé depuis une dizaine d'années dans le pays de Lorient, explique que ses compatriotes ont conservé "un lien affectif très fort" avec la cornemuse, utilisée autrefois par les clans pour galvaniser leurs troupes avant et pendant les batailles, mais aussi après, pour rendre un dernier hommage aux victimes.

"Il existe différents  instruments semblables à la cornemuse un peu partout en Europe, utilisés par des bergers par exemple, mais ce rôle militaire est un cas unique", souligne-t-il. "Je trouve que la tonalité particulière de la cornemuse, avec ses bourdons, a un effet physiologique, elle agît directement sur le cerveau."

Son propre père a participé à la bataille de la Somme lors de la Première Guerre mondiale et partagé avec lui ses souvenirs du front: "Il m'a raconté que les hommes, épuisés, sales, déboussolés, auraient pu faire des kilomètres de plus en suivant les sonneurs de première ligne."

Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale, à l'initiative de Polig Monjarret, que la musique bretonne s'est inspirée des "pipe bands" écossais pour constituer ses bagadoù, au sein desquels se côtoient aujourd'hui cornemuses et binious, deux instruments à anche parfois confondus malgré leurs particularités marquées. "Le biniou est plus aigu, moins agréable à l'écoute", détaille le major Philippe Renard, régisseur et manager du bagad de Lann-Bihoué, formation professionnelle de la Marine nationale qui a l'honneur chaque année d'ouvrir la grande parade du Festival interceltique. "Le doigté n'est pas le même.

La cornemuse est plus complexe à maîtriser, il faut bien trois ans avant de produire quelque chose de correct." Les deux instruments "s'accordent parfaitement", selon lui, en si bémol. Mais si la cornemuse a été largement adoptée par les bagadoù bretons, les binious, eux, n'ont jamais eu droit de cité dans les "pipe bands" écossais.


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