Tartan, cornemuse et autodétermination : le contexte politique de l'Écosse, dont les dirigeants nationalistes, un an après le Brexit, espèrent un nouveau référendum sur l'indépendance, alimente les discussions au Festival interceltique de Lorient
"Ce festival travaille en toute fluidité avec les institutions de la République, mais cela ne nous empêche pas d'avoir des positions", a confié à l'AFP le directeur espagnol du FIL, Lisardo Lombardia. "Nous défendons la diversité, l'identité et le droit à la différence", a-t-il plaidé.
L'Asturien s'est publiquement inquiété de la "menace" que ferait planer selon lui le Brexit sur la "libre circulation" des artistes et des oeuvres d'art à travers l'Europe.
La ministre de la culture écossaise Fiona Hyslop, membre du Scottish National Party (SNP, indépendantiste) avait fait le voyage de Lorient et a tenu un discours similaire: "Nous ne laisserons pas le Brexit arrêter notre collaboration culturelle. Nos jeunes en particulier apprécient de pouvoir travailler, vivre et étudier à l'étranger, mais aussi de jouer de la musique, qui construit des ponts entre les peuples."
Une conférence d'Alex Salmond
Un autre représentant du SNP, Alex Salmond, Premier ministre de l'Ecosse entre 2007 et 2014, était également au FIL lundi 7 août pour présenter l'édition française de son ouvrage "Notre rêve ne mourra jamais" et animer une conférence sur le Brexit, l'indépendance et la place de l'Écosse dans l'Europe de demain.
L'ancien leader nationaliste, qui a quitté ses fonctions en 2014 après la victoire du "non" au référendum sur l'indépendance, a souligné l'influence de l'Écosse dans la "pensée européenne" et le rôle de la culture dans le "combat pour l'autodétermination". "La culture est à la base de tout, elle est profondément ancrée dans l'histoire", a expliqué l'électron libre écossais à l'AFP dans les gradins du stade du Moustoir.
"La vitalité de l'expression culturelle a toujours été d'une importance cruciale et c'est encore plus vrai aujourd'hui." Alex Salmond, lui-même ancien chanteur et grand amateur du barde écossais Robert Burns, a trouvé une oreille attentive à Lorient dans le milieu politico-culturel breton.
"Il est évident que la Bretagne regarde avec beaucoup d'intérêt ce qu'il se passe ailleurs", a confirmé Patrick Malrieu, président de l'Institut culturel de Bretagne. "Cela a été vrai pendant longtemps sur le plan culturel, mais c'est également le cas sur le plan politique, notamment en ce qui concerne la dévolution".
"C'est quelque chose que nous aimerions bien avoir en France", a-t-il ajouté. "Que chaque région soit respectée pour ce qu'elle est et non coupée en morceaux. Imaginerait-on aujourd'hui l'Écosse sans Glasgow? C'est impensable. Alors pourquoi accepter que Nantes soit écartée de la Bretagne?"
Au-delà de la carte postale
L'indépendance écossaise et les conséquences du Brexit seront à nouveau évoquées ce mardi 8 août au FIL à l'occasion de l'une des conférences co-organisées tout au long de la semaine par l'Emglev Bro an Oriant, fédération d'associations culturelles bretonnes du pays de Lorient.
"L'idée est de se projeter au-delà de la musique, de la danse et des costumes traditionnels pour laisser la parole à des universitaires et des spécialistes", détaille la secrétaire de l'association, Morgan Le Barzic. "L'histoire et la politique sont importantes également dans la transmission de la culture. Il faut que les gens puissent aussi échanger et poser des questions".
Le Festival interceltique de Lorient, où plus de 700.000 personnes sont attendues jusqu'à dimanche, met chaque année en valeur depuis 1971 la culture celte sous ses différentes facettes, de l'Écosse et du Pays de Galles à la Galice en passant par l'Acadie canadienne. Il a débordé également sur le domaine économique en proposant pour la première fois cette année un rendez-vous consacré aux acteurs de le mer.