"La fille de Brest" un film qui va à nouveau bouleverser le monde médical selon Irène Frachon

La pneumologue Irène Frachon, qui a révélé le scandale sanitaire du Mediator, espère que "La fille de Brest", le film qui retrace avec beaucoup d'authenticité son combat contre les laboratoires Servier, va "à nouveau bousculer le monde médical". Entretien. 

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Irène Frachon a répondu aux questions des journalistes de l'AFP. Elle estime que le film "La fille de Brest" se veut fidèle à ce qu'elle a vécu. Pour elle, le combat est loin d'être terminé. 

Est-ce que cette fiction d'Emmanuelle Bercot est fidèle au combat que vous avez mené pour faire retirer le Mediator du marché?
J'ai découvert ce film avec mon mari et mes enfants en juin dernier et on a tous été absolument bluffés par la vérité qui s'en dégage. Emmanuelle Bercot l'a écrit et filmé comme un thriller, et c'est exactement comme cela que j'ai vécu cette histoire. J'ai toujours eu le sentiment que la réalité dépassait la fiction. J'ai aussi été épatée par son authenticité et sa crédibilité. Tout ce qui se passe à l'hôpital est d'une crédibilité parfaite. La chirurgie cardiaque est réalisée à l'écran par un vrai chirurgien cardiaque entouré par les vrais techniciens du bloc opératoire du CHU de Brest. Idem pour l'autopsie. C'est juste hallucinant, tout y est. 

Le film retrace votre histoire entre 2009 et 2011, mais votre combat, qui a commencé dès 2007, se poursuit toujours en 2016. Où en êtes-vous aujourd'hui?
Mon combat se poursuit afin d'obtenir des indemnisations pour les victimes. Je reçois des appels au secours tous les jours. C'est un combat au corps à corps contre les laboratoires Servier. J'ai reçu il y a quelques jours leurs contestations pour un dossier en cours d'expertise. Ce dossier, c'est celui de la patiente qui a inspiré le personnage de Corinne dans le film et qui est morte en avril 2009. C'est la première autopsie à laquelle j'ai assisté et quand j'ai ouvert son coeur j'ai pu constater les valvulopathies absolument terrifiantes dont le Mediator était responsable. Ce même cas porté à l'écran est contesté par Servier point par point, qui n'indemnise les victimes que quand il est acculé. 

Avez-vous des attentes particulières par rapport à ce film?
Le film n'est ni un réquisitoire ni un procès malheureusement, et le procès pénal, on l'attend toujours. Mais j'attends beaucoup de ce film malgré tout: qu'on n'oublie pas ce drame sanitaire absolument inouï, ainsi que la souffrance et la douleur des victimes. Mais il a aussi une vocation pédagogique et populaire extrêmement importante. Il permet par exemple de comprendre par quels mécanismes des laboratoires pharmaceutiques arrivent à prendre le contrôle des autorités de santé. C'est extrêmement important que l'opinion publique soit informée de cela. J'espère ainsi qu'il va réveiller les consciences et à nouveau bousculer le monde médical, car on n'est pas du tout à l'abri d'un autre scandale comme celui du Mediator.




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