En 1940, 128 Sénans avaient répondu à l'appel du Général de Gaulle prenant la mer pour le rejoindre à Londres. Avec des chants, des poèmes et même un morceau de rap, 80 collégiens issus d'une douzaine d'établissement du Finistère leur ont rendu hommage sur l'Île de Sein ce dimanche 18 juin. De quoi faire vivre encore longtemps la mémoire des héros de la Résistance.
Le plus jeune Sénan à avoir rejoint le Général de Gaulle à Londres n'avaient que 14 ans. Il s'appelait Jérôme Fouquet. Le 22 juin 1940, il se cache et embarque clandestinement sur l'un des cinq bateaux navigant vers la Grande-Bretagne. À ses côtés, son frère et son père et 125 autres hommes de l'Île de Sein, 18 ne reviendront pas.
14 ans, c'est à peu près l'âge des 80 élèves finistériens présents ce dimanche 18 juin 2023 sur l'Île de Sein. Ils viennent des quatre coins du département pour rendre hommage aux compagnons de la Libération. Une commémoration peu habituelle, au son d'un rap imaginé par les élèves de deux collèges.
"Le rap, c'est la musique de notre génération", justifie Romane qui avec ses camarades en a fait un clip vidéo diffusé sur Youtube :
Ces élèves sont tous les ambassadeurs de leurs établissements et déclinent à leur manière cet hommage aux résistants de l'île en musique, en chanson, en poème, en français et même en breton. Certains ont même reccueilli des témoignages auprès des anciens de l'Ehpad de Sizun.
"C'est eux qui ont vécu la guerre. On veut transmettre ce qu'ils nous ont raconté parce que bientôt, on n'aura plus la chance de les entendre."
KatellCollégienne finistérienne
"Je n'avais jamais participé à une commémoration, j'ai trouvé ça super, se réjouit Olivia. Et en plus de s'exprimer devant tout le monde, de faire passer un message..." "Un message d'espoir et de mise en garde aussi pour ne pas recommencer une guerre", complète Romane.
Les jeunes élèves de l'île ont, eux accueilli tous ces visiteurs avec le chant des partisans. Un hommage très émouvant pour les habitants.
"Je suis très, très, très émue", témoigne Louise, la voix tremblante.
Je me retrouve là comme la dernière orpheline de guerre de 39-45. Mon papa était parti en Angleterre et j'avais 18 mois quand il est décédé. Alors j'admire les jeunes qui pensent à nos anciens qui ont donné leur vie pour notre patrie
LouiseOrpheline de guerre
Ces élèves participent à un projet intitulé "Route maritime et citoyenne" financé par le fond d'innovation pédagogique dans le cadre du conseil national de la Refondation : notre Ecole, faisons-la ensemble !. S'ils ne sont que 80 ce jour-là, en tout 2000 élèves d'une douzaine d'établissement du département vont se rencontrer régulièrement en plusieurs lieux du département. Le projet doit s'étaler sur plusieurs années.
"Quand on pense au Finistère, on pense à la mer, souligne Guylène Esnault, directrice académique des services de l’Education nationale du Finistère. Mais il y a aussi la terre. L'idée c'était de rapprocher des collégiens de la terre et de la mer, faire le lien entre les deux."
Cette première escale sur l'île de Sein n'est que la première d'une longue aventure.
"Ils sont allés chercher sur leur territoire ce qui faisait leurs racines et ces temps de résistance, qui font de notre pays ce qu'il est aujourd'hui."
Le devoir de mémoire et la résistance pour conserver son environnement, l'éducation au développement durable sont les fils rouges de ce projet commun de ces collégiens, nouveaux passeurs de mémoire.
(Avec Florence Malésieux)