Augmentation des tarifs des cantines scolaires. Comment les communes bretonnes vont digérer cette note salée

Il n'y pas que les fournitures scolaires qui augmenteront à la rentrée. Le prix des repas dans les cantines vont, eux aussi, subir une hausse de 5 à 10 %, selon l'association des maires de France. Comment les communes vont-elles répercuter ce surcoût ? Sera-t-il à l'entière charge des familles ? Réponses dans le Finistère, le Morbihan et l'Ille-et-Vilaine.

"Il n'y aura pas une formule unique. On part globalement sur un mix. Le surcoût sera en partie assumé par les municipalités et en partie par les familles". Dominique Cap, président de l'association des maires du Finistère et maire de Plougastel, a opéré un petit tour de ses homologues sur le sujet épineux de la hausse des tarifs des cantines scolaires.

Le Syndicat national de la restauration collective (SNRC) demande, en effet, aux communes de relever de 7 % le prix du repas négocié par les prestataires avec les mairies. Et ce, pour compenser l'augmentation des prix de la viande et des légumes en cette période d'inflation.

Circuit court

A Plougastel, la cuisine centrale est municipale. Ici, pas d'entreprise de restauration collective à la manœuvre. Si le maire assure que la facture de la cantine scolaire ne bougera pas jusqu'à la fin de l'année 2022, il annonce qu'il n'en sera pas de même l'année suivante. "On venait de renégocier nos contrats avec les producteurs locaux, explique Dominique Cap, mais certains veulent les revoir car ils ne peuvent pas fournir aux prix négociés il y a un an. On va devoir trouver un accord intelligent".

On se donne les moyens pour avoir de la qualité et du local

Emilie Kuchel, adjointe en charge de la politique éducative à Brest

De l'autre côté du pont de l'Iroise, qui sépare Plougastel de Brest, la métropole voisine va opérer une "augmentation habituelle" de ses tarifs de cantine, précise l'adjointe chargée de la politique éducative locale, Emilie Kuchel. A ceci près que, contrairement aux autres années, elle ne sera pas de 2 % mais de 3,5 %. "Soit 10 euros par enfant à l'année pour les quotients familiaux les plus élevés, dit l'élue. Pour les plus bas, les repas restent gratuits".

Cette hausse n'a rien à voir avec une rallonge voulue par le prestataire qui assure la restauration collective municipale. Elle suit l'inflation. Toutefois, Brest limite son impact puisque la part du bio dans les repas préparés représente 80 %, bien plus que ce la loi Egalim prévoit. Ce sont même 100 % de produits labellisés qui composeront, à la rentrée, les 6.500 repas servis chaque jour dans les cantines des écoles brestoises.

"On se donne les moyens pour avoir de la qualité et du local, souligne Emilie Kuchel. 60 % de nos approvisionnements sont en circuit court, ce qui réduit aussi considérablement la part de consommation en carburant et donc la facture finale. Le pain servi à la cantine provient d'une boulangerie brestoise, par exemple. On espère que ces efforts-là seront payants mais je ne peux pas garantir que le prestataire ne demandera pas à réviser les tarifs du contrat d'ici 2023".

"Amortir le choc de la rentrée"

Dans le budget de la ville de Brest, la cantine pèse 4 millions d'euros par an. Economiser sans rogner sur la qualité impose de faire des choix quand le contrat avec les entreprises de restauration collective fait monter les prix.

L'inflation touche déjà les familles de plein fouet. Nous ne souhaitons pas en rajouter

Jean-Pierre Le Clainche, adjoint chargé de l'Education à Pontivy

C'est le cas à Pontivy, dans le Morbihan, où 800 élèves fréquentent la cantine des cinq écoles publiques. "Nous ne pouvons pas aller jusqu'à 7 % d'augmentation comme le souhaite le SNRC, prévient l'adjoint chargé de l'Education, Jean-Pierre Le Clainche. Nous avons donc négocié avec notre prestataire pour que cette hausse ne dépasse pas 4 %."

La commune supportera seule ce surcoût. Tout au moins jusqu'à fin 2022. "L'inflation touche déjà les familles de plein fouet, note l'élu. Tout a augmenté. Nous ne souhaitons pas en rajouter. Nous voulons continuer à rendre un service social aux habitants". Conséquence : il faudra faire des économies ailleurs. "Il y aura des arbitrages budgétaires, c'est sûr,  indique Jean-Pierre Le Clainche. Nous allons déjà amortir le choc de la rentrée et nous aviserons".

"Ça + ça + ça"

A la Chapelle-Chaussée, près de Rennes, le maire sort la calculette : la montée des prix des matières premières alimentaires et de l'énergie, la hausse de 6 % du contrat avec l'entreprise de restauration collective, "quand vous additionnez ça + ça + ça, observe Philippe Pinault, il faut se rendre à l'évidence : si on ne répercute pas le coût, c'est pas tenable".

Lutter contre le gaspillage alimentaire est une autre source d'économies

Philippe Pinault, maire de La Chapelle-Chaussée

A la rentrée, le repas dans les cantines passera de 4 euros à 4,30 euros pour les élèves vivant dans la commune. Pour ceux qui habitent dans les villages voisins et qui sont scolarisés à La Chapelle-Chaussée, "on pratiquera le prix coûtant : 6,60 euros au lieu des 5,85 actuellement" précise le maire qui espère pouvoir "gratter 22 centimes" sur les repas en ne proposant plus que plat-fromage-dessert au menu. "On réfléchit à supprimer l'entrée car on a constaté que les enfants n'en étaient pas friands. Lutter contre le gaspillage alimentaire est une autre source d'économies".

"Il y aura des adaptations en cours d'année, remarque Louis Pautrel, maire du petit village de Le Ferré, au nord de Fougères, et président de l'association des maires ruraux d'Ille-et-Vilaine. On plonge dans l'inconnu. Avec la suppression de la taxe d'habitation, on a un levier financier en moins, c'est une réalité qu'il ne faut pas oublier non plus".

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