La préfecture du Finistère a annoncé ce mercredi que l'État allait organiser le retour dans leur foyer des huit marins du cargo Karl, retenu à Brest depuis près de deux mois en raison d'un litige commercial, mais les modalités de ce retour sont critiquées par la CGT des marins.
Le Karl, construit en 1974 et battant pavillon du petit archipel caraïbe Saint-Kitts-et-Nevis , est un petit cargo frigorifique de 76 m, immobilisé au port depuis le 24 février avec ses marins originaires du Honduras, du Guatemala et de Roumanie. Ces huit hommes, dont les contrats se terminaient le 29 mars, n'ont pas perçu leur salaire de mars et n'ont plus de livraison de nourriture, auparavant assurée par l'armateur, depuis le 2 avril, explique dans un communiqué la préfecture.
Procédures de rapatriement
Depuis, ce sont les acteurs du port de Brest qui subviennent aux besoins des marins, "sous la coordination des services de l'État", précise-t-on de même source. Les procédures de rapatriement ont été déclenchées via l'Office français de l'intégration et de l'immigration (OFII). "Les marins pourront ainsi regagner leurs foyers dans les premiers jours de mai", précise la préfecture.
"Une forme d'expulsion du territoire" selon la CGT
Mais pour la CGT, il s'agit "d'une forme d'expulsion du territoire" des marins. Elle réclame qu'ils soient rapatriés le plus rapidement possible, mais pas par une procédure de reconduite à la frontière, et avec la totalité des salaires qui leur sont dus, soit 151.800 dollars, a expliqué Jean-Paul Hellequin, secrétaire adjoint de la CGT des marins du Grand Ouest. "Les délinquants ce n'est pas eux, ce sont ceux qui ne les payent pas", a-t-il affirmé, exigeant que soit activé le fonds de solidarité prévu en ces circonstances afin de payer les arriérés de salaire des marins.
Saisie conservatoire du navire
La société américaine Reliable Cargo Shipping souhaitait acquérir le Karl et a versé à son propriétaire, la fondation suédoise Overseas association, un acompte de 360.000 euros. La société américaine, à laquelle la fondation refusait de livrer le navire, a obtenu sa saisie conservatoire.
Trois marins, dont le capitaine, ont déjà été rapatriés par l'armateur. Le Karl, construit en 1974, devait livrer des semences de pommes de terre en Algérie.