Le procès de la SNCF pour homicide involontaire après la mort d'une automobiliste en 2006, lors d'une collision avec un TER à un passage à niveau près de Brest, s'est ouvert lundi dans la cité du Ponant avec plusieurs témoins assurant que les barrières étaient ouvertes au moment de l'accident.
En novembre 2006, cette automobiliste, une femme de 42 ans avait trouvé la mort au passage à niveau de La Roche-Maurice, entre Brest et Morlaix. Dans un premier temps, l'accident avait été présenté comme un suicide mais, au fil de l'enquête, l'affaire s'est révélée plus complexe.
Des témoignges faisant état de disfonctionnement des barrières
"Les barrières se sont baissées après le choc", a témoigné, avec assurance, un jeune homme qui empruntait régulièrement à pied, à l'époque des faits, ce passage à niveau.
Ce même témoin, qui se trouvait à moins de 100 m du lieu de l'accident au moment où il s'est produit, a assuré en outre ne pas avoir entendu de sonnerie avant l'arrivée du train. "J'ai vu la barrière se baisser après le bruit" provoqué par le choc de la collision, a également assuré une femme, qui arrivait en voiture, au moment des faits, à hauteur du passage à niveau.
Le président du tribunal a par ailleurs lu les dépositions de plusieurs témoins relatant avoir emprunté, avant la collision, ce passage à niveau, mais également d'autres de la région, juste avant l'arrivée d'un train alors que les barrières étaient levées. "En général, quand on a un dysfonctionnement, on va vérifier", a simplement déclaré une responsable de la SNCF appelée à la barre.
De son côté, le conducteur du train a affirmé ne rien avoir vu d'anormal avant le choc, tandis qu'une passagère du TER a rapporté avoir vu la voiture impliquée dans l'accident rouler "normalement" sur sa droite avant la collision.
La SNCF mise en cause
Il est reproché à la SNCF, en tant que personne morale, de ne pas avoir pris par "maladresse, imprudence, inattention ou négligence" toutes les mesures nécessaires au bon fonctionnement du passage à niveau, et ceci "notamment au regard des incidents de deshuntages (le système qui commande à distance la fermeture des barrières et les feux) qui s'étaient produits dans la région Bretagne entre 2004 et 2006".L'accusation estime ainsi que les barrières du passage à niveau ne se sont pas baissées, comme cela aurait dû être le cas, avant l'arrivée du train. La SNCF de son côté conteste tout problème de "deshuntage" et estime que les barrières se sont bien fermées avant le passage du TER. L'automobiliste se serait ainsi engagée sur le passage à niveau en contournant les barrières.
Voilà dix ans que l’accident mortel s’est produit, mais c’est ce lundi que s’est ouvert le procès en correctionnelle devant le tribunal de Brest... Une collision entre un TER et une voiture survenue sur le passage à niveau de la Roche-Maurice, faisant une victime... L’enquête ouverte pour homicide involontaire a révélé les failles de la SNCF...
Images La Roche-Maurice (29), 2006 - Ronan Appéré, avocat de la famille de la victime
Le procès doit se tenir au tribunal correctionnel de Brest jusqu'à jeudi. Mardi seront entendus plusieurs experts, tandis que l'accusation et les réquisitions sont prévues pour mercredi, avant la plaidoirie de la défense jeudi matin.