Alors que la fête de l'oignon anime les rues de Roscoff jusqu'à dimanche 25 août, les producteurs du Nord du Finistère font les comptes : la récolte en 2024 s'avère excellente pour ces oignons dont l'appellation d'origine est protégée.
Doux et parfumé, l'oignon de Roscoff est célébré pendant quelques jours en cette fin du mois d'août 2024. Cultivé dans la région du littoral nord du Finistère par 87 producteurs, le joyau du Léon bénéficie, depuis 2010, d'une AOC et depuis 2013, d'une AOP.
À lire. La Confrérie de l'oignon de Roscoff fête son patrimoine culinaire
Deux villages festifs sont installés à Roscoff pour la fête de l'oignon : sur le quai d’Auxerre, les visiteurs découvrent l'histoire des "Johnnies". Près de la Poste, les animations se prolongent dans le village des Tad Coz où se côtoient vieux tracteurs, démonstrations de fabrication de jus de pomme, de cidre et explications sur le battage à l’ancienne.
Une production légumière et un mode de vie
Cultivé dans le Léon depuis au moins le XVIIᵉ siècle, l'oignon de Roscoff a été un moyen de subsistance essentiel pour de nombreux Finistériens. Pendant un siècle et jusque dans les années 1960, certains, baptisés les "Johnnies", n'hésitaient pas à traverser la Manche pour écouler eux-mêmes leur marchandise en Angleterre.
Ces cultivateurs finistériens étaient appelés "Johnnies" par leurs clients britanniques à qui ils vendaient leurs oignons, souvent en porte-à-porte. Embarquant pour le Royaume-Uni, les producteurs vendaient eux-mêmes leurs oignons de juillet à décembre. Portant leurs marchandises tressées sur les épaules puis, quand la bicyclette est apparue, sur leurs vélos, ces Bretons ont finit par être appelés "Johnnies" par les Britanniques.
"Une année exceptionnelle"
A Saint-Pol de Léon, Jean-Louis Rungoat, lui, ne prend pas la mer pour vendre ses oignons. Chaque année, d'août à avril, il est d'abord occupé à préparer, avec son épouse et son fils, les oignons séchés, 100 tonnes cette année. Il faut les "débarder" (couper les racines et la queue), retirer les peaux superficielles de l'oignon.
Tressés et pas en rang d'oignons
Une fois apprêtés, les oignons sont tressés : dix oignons sont reliés ensemble par un fil de lin pour former une belle grappe. Si le résultat est élégant, la démarche n'est pas qu'esthétique. De cette façon, "on lui coupe l'arrivée d'oxygène par la "queue", ce qui l'empêche de germer", précise Jean-Louis Rungoat. "Cela permet de conserver l'oignon beaucoup plus longtemps, environ six mois".
Pour notre production, c'est une année, je pense, exceptionnelle.
Jean-Louis RungoatProducteur d'oignons à Saint-Pol de Léon
Une belle météo bretonne
Si la récolte est particulièrement abondante cette année, c'est que le ciel s'est montré clément : "des crachins espacés par 5 ou 6 jours de beau temps", c'est parfait pour l'oignon, selon le producteur de Saint-Pol de Léon. Un été 2024 qui n'a pas apporté en Bretagne, contrairement à une grande part de l'Europe, de longues périodes de canicule ou de sécheresse.
(Avec J. Le Bot et S. Soviller)