Plusieurs épaves de bateaux de plaisance sont actuellement retirées de la rade de Brest, sur une zone classée Natura 2000. Ces coques abandonnées pèsent lourd sur l'environnement littoral quand elles se dégradent. Elles vont être déconstruites puis recyclées.
Les vieilles coques de plaisance sont à l'abandon depuis très longtemps. Elles gisent sur les vasières et les prés salés de la rade de Brest, tel un cimetière de bateaux qui n'a clairement pas sa place dans cette zone classée Natura 2000.
Ce jeudi matin, du côté de Plougastel, les Recycleurs bretons sont à la manoeuvre pour opérer le retrait de cinq épaves. Les mâchoires de la grue avalent, une à une, ces carcasses oubliées qui seront acheminées, par camion, jusqu'au centre de déconstruction de la société brestoise.
350 épaves recensées en rade de Brest
L'opération est supervisée par la direction départementale des territoires et de la mer du Finistère (DDTM 29) qui, depuis deux ans, recense les navires abandonnés. "On en a répertorié 350 en rade de Brest, indique Denis Sède, chef de l'unité domaine public maritime à la DDTM 29. Sur les 350, la plupart ont été retirés par les propriétaires, après une mise en demeure. 25 autres n'ont pas réagi et des procès verbaux ont été dressés. Enfin, il y a 13 bateaux dont les propriétaires n'ont pas été retrouvés".
Les 13 épaves vont donc être retirées de la rade de Brest. Le Parc naturel régional d'Armorique (PNRA) suit le dossier de près en tant qu'opérateur du site Natura 2000. "Toute la partie sud de la rade est une aire marine protégée, rappelle Nazaré Das Neves-Bicho, chargée de mission biodiversité. Ces épaves reposent, à marée basse, sur des habitats fragiles qui jouent un rôle essentiel dans la biodiversité locale. Ce sont des zones d'alimentation pour les poissons et les oiseaux, par exemple".
Préserver les habitats naturels
La présence de ces anciens bateaux de plaisance vient perturber l'écosystème et menacer l'environnement. Les coques sont constituées majoritairement de matériaux composites à base de plastiques "qui, en se dégradant, libèrent des micro-plastiques, souligne Nazaré Das Neves-Bicho. De même, les peintures et les antifouling utilisés sur les coques, les batteries, solvants, isolants et autres polluants à bord peuvent se décomposer et se stocker dans les sédiments marins".
Ce milieu est déjà fortement soumis à la pression croissante des activités humaines. Alors, pour limiter la casse et préserver les habitats naturels, la déconstruction et le recyclage des bateaux en fin de vie est une priorité que s'est fixée la fédération des industries nautiques (FIN) dès 2009 lorsqu'elle crée l'APER, l'association pour la plaisance éco-responsable.
Dépollution et valorisation
Cet éco-organisme "apporte une réponse technique, logistique et environnementale aux détenteurs de bateaux hors d'usage" est-il spécifié sur le site de l'association.
L'APER vient sur le terrain dès qu'une opération de retrait est actée. Comme ce jour-là à Plougastel où Lucas Debièvre, chargé de développement, détaille le procédé. "Ces 5 épaves seront dépolluées par les Recycleurs bretons qui sont l'un de nos 26 partenaires, dit-il. Les différents matériaux vont être triés puis envoyés vers les filières de valorisation appropriées".
Les métaux ferreux et non-ferreux seront recyclés à 100 %. En revanche, pour la fibre de verre et les composites, "c'est du 70 %, précise le représentant de l' APER. Ces matériaux iront en cimenterie pour la production d'eau chaude". Et les 30 % restants ? "Ils seront enfouis" répond Lucas Debièvre.
L'APER assure la déconstruction de bateaux dont la taille oscille entre 2,50 mètres et 24 mètres. Pour les particuliers, comme pour les professionnels (ports et collectivités), c'est gratuit. Seul le transport jusqu'au centre de traitement est à la charge des propriétaires.