L’ancien garde des sceaux est mort dans la nuit du 8 au 9 février 2024. C’est dans le Finistère que Robert Badinter a écrit son fameux discours sur l’abolition de la peine de mort. La Bretagne et les Bretons restent marqués par le travail de ce grand homme et par son combat qui n’était pas gagné d’avance.
Au début des années 80, 63% des Français étaient en faveur de la peine de mort. Une majorité écrasante qui n’intimidait pas Robert Badinter qui nous a quittés dans la nuit du 8 au 9 février 2024. "Les Français sont ni plus ni moins sanguinaires que les autres, expliquait-il en 1981. À chaque fois qu’il y a un crime sanglant qui révolte l’opinion, la réaction ancestrale est toujours « la mort, à mort » et puis c’est tout. C’est ce réflexe que traduit ce genre de sondage."
L’ancien garde des Sceaux s’est donc battu pour l’abolition de la peine de mort et il a écrit son célèbre discours en Bretagne. Plus précisément à Doëlan à Clohars-Carnoët dans le Finistère. Il était venu trois semaines pour s’isoler dans la maison de l'écrivaine Benoîte Groult.
"Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées."
Robert BadinterGarde des sceaux, 1981
L’abolition, un combat loin d’être gagné
Dans les rues de Rennes à 1967, les passants étaient majoritairement favorables à la peine de mort notamment pour la portée dissuasive de l’exécution. "C’est une retenue", comme l’explique une personne âgée dans cette rétrospective vidéo sur l’abolition de la peine de mort et la Bretagne.
En 1981, des conférences itinérantes sont tenues en Bretagne pour faire de la pédagogie, expliquer et vaincre les clichés auprès d’une population encore largement favorable à la peine de mort. "Ce qu’on ne veut pas admettre car tout est passionnel, c’est que la peine de mort ne sert à rien", répondit Robert Badinter dans cette même archive vidéo.
Pleurs et hommages à l’Université de Brest
Manon, une étudiante en droit à Brest est dévastée par la nouvelle. "J’espérais le rencontrer un jour. C’est injuste. Il ne peut pas mourir." Chaque matin en allant à l’université, elle écoutait les discours et les différentes prises de parole de Robert Badinder.
"Tout le monde doit être triste aujourd’hui." C’est par ses mots que la professeure de droit de Manon a entamé son cours à l’Université de Brest. Avec ses élèves, elle est revenue sur les grandes avancées permises par Robert Badinter : de l’abolition de la peine de mort à la suppression des très décriés quartiers de haute sécurité, en passant par l’autorisation des parloirs libres et la création des petites peines et des travaux d’intérêt général.