Obligation vaccinale des soignants. Pourquoi cet infirmier du CHU de Brest s'y oppose

Comme un certain nombre de soignants, cet infirmier conteste l'obligation vaccinale qui leur est faite. Il défend une vaccination consentie et éclairée, le respect du droit du travail et l’accès aux soins pour tous. C'est surtout la dégradation des conditions de travail à l'hôpital qui l'inquiète.

"Début avril, j'étais positif au covid sans symptôme, on m'a demandé de venir travailler. A partir du 15 septembre, si je ne suis pas vacciné, je ne pourrai plus travailler." Dépité, cet infirmier du CHU de Brest qui souhaite garder l'anonymat, ne peut se résoudre à accepter l'obligation vaccinale imposée au personnel soignant. Pour lui c'est une mesure incohérente et injustifiée : " Le vaccin protège contre les formes graves, mais on sait qu'il n'empêche pas la transmission du virus" explique-t-il.

Une pression permanente

Le CHU de Brest a choisi de passer par une application pour contrôler le pass sanitaire de ces 9 000 salariés. "Beaucoup de personnes, même vaccinées, ont refusé de transmettre leur pass par cette appli" explique l'infirmier. Selon les chiffres transmis par la direction aux personnels, ils seraient 3 000, soit 1/3 à ne pas l'avoir téléchargée.

 

On reçoit des SMS nous rappelant que si on n'est pas vacciné on sera suspendu au 15 septembre, j'en ai reçu deux cette semaine

Un infirmier du CHU de Brest

Et le contrôle des pass sanitaires des patients par une société de sécurité privée ajoute à l'ambiance pesante qui règne dans les services. "Seul l'accès aux urgences est autorisé aux patients sans pass sanitaire. Ils s'assoient sur la prévention. C'est pas pour ça que j'ai choisi de faire ce métier" déplore l'infirmier.

Des conditions de travail dégradées

La revalorisation salariale des personnels soignants, principale mesure des accords du Ségur de la Santé consécutif au premier confinement, n'a pas suffit à résoudre les difficultés. Notre témoin perçoit 183 € de plus par mois. "A l'hôpital nos conditions de travail sont compliquées depuis des années, ça s'est encore aggravé avec la crise sanitaire. On nous a beaucoup applaudi, on nous a augmenté, mais ça ne fait pas tout. Il n'y a aucune considération et beaucoup de mépris dans le management".

J'aurais préféré ne pas être augmenté et pouvoir continuer à travailler

Comment va fonctionner l'hôpital à partir du 15 septembre ?

Soucieux de l'accueil des patients, l'infirmier s'inquiète et ne voit pas comment l'hôpital pourra fonctionner si tous les soignants non vaccinés sont suspendus au 15 septembre comme le prévoit la loi : "A priori ils n'ont pas prévu d'embaucher plus de monde. On est déjà à flux tendu. Les hôpitaux ne tourneront pas. Ou alors ils vont en profiter pour fermer des services. Ce serait vraiment une stratégie malsaine".

Déjà un manque de personnel cet été

Cet été déjà, au CHU de Brest, la direction n'a pas réussi à recruter suffisament pour remplacer les personnels en vacances, et tous les salariés à temps partiel (sauf les temps partiels thérapeutiques) ont dû travailler à plein temps.

A l'hôpital de Fougères, le service des urgences a même dû fermer certaines nuits faute de personnel.

Des dépots de plainte à venir

Présent chaque samedi dans les manifestations d'opposition au pass sanitaire, notre témoin adhère au collectif Santé 29 qui défend : "Une vaccination consentie et éclairée, le respect du droit du travail, le principe de précaution et l’accès au soins pour tous".

Le collectif est un soutien pour chacun des soignants qui doit faire le choix et prendre le risque de ne plus percevoir de salaire à partir du 15 septembre pour respecter ses convictions.

Des recours individuels devant le tribunal administratif vont être déposés à partir du 15 septembre pour contester les mesures de suspension.

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