Encourager le circuit court dans le secteur du poisson, c'était l'objectif de Lisa Djeradi. Cette jeune Finistérienne, adepte de la canne à pêche, a lancé le site "mon pêcheur", disponible sur mobile, en décembre 2019 pour permettre aux pêcheurs de mieux communiquer en matière de vente directe.
"On a du mal à communiquer, explique Philippe Pérot, pêcheur breton de coquilles Saint-Jacques. Et pourtant c'est important que l'on parle de notre métier, qui est mal connu". C'est en partant de cette observation que Lisa Djerati, une jeune Finistérienne de 32 ans, a voulu lancer le site web "Mon pêcheur" pour faciliter la vente directe du poisson en améliorant les outils de communication des pêcheurs. Ce site gratuit a reçu le prix Farnet en avril dernier.
Bretonne d'origine et très attachée au milieu de la mer - elle pratique elle-même la pêche à ses heures perdues -, Lisa Djerati avait un mot d'ordre : le circuit court. Conceptrice multimédia de profession, l'idée du site web lui vient donc assez naturellement et elle fait appel à un développeur. Le principe : les clients inscrits ont les informations concernant l'heure et le lieu de l'arrivage ainsi que le contenu de la récolte et peuvent effectuer leur commande en ligne et aller la chercher à quai.
Du poisson pour les jeunes
"Je voyais les anciens aller chercher la godaille", se souvient Lisa qui s'est alors demandé comment connaître l'heure et le lieu de l'arrivée des bateaux à quai. Elle se rend compte qu'il y a des comptes Facebook sur lesquels on peut trouver l'information mais il est souvent difficile de les trouver puisque les pêcheurs utilisent la plupart du temps des pseudonymes. Surtout que l'heure d'arrivée des pêcheurs varie selon la météo. "Il est difficile de fixer l'information, explique Lisa. Les clients peuvent donc facilement louper le moment de la vente." Lisa a donc l'envie de faciliter la communication entre le pêcheur et le client mais aussi d'attirer un nouveau type de clientèle : les jeunes. Quoi de mieux pour cela qu'un site web disponible sur smartphone ? "Les pêcheurs savaient que s'ils voulaient toucher les jeunes, il fallait qu'ils s'y mettent", explique-t-elle. "Je suis aussi consommateur, raconte Philippe Perot. Et quand je fais la queue pour acheter mon poisson je ne vois presque que des gens qui ont plus de 50 ans."
Un site dans l'air du temps
"Depuis cinq ou six mois, on se rend compte que les clients veulent avoir des informations sur la manière dont est produite la nourriture qu'ils mangent". En effet, sur ce point, le site web de Lisa Djerati surfe sur la vague.
"Mon pêcheur" n'a pas tardé a fonctionner : dès le 1er jour - un joli cadeau d'anniversaire pour la conceptrice - il comptait déjà 1 300 inscrits. Aujourd'hui, une vingtaine de pêcheurs y figure et sept autres demandes se s'y sont ajoutées ces derniers jours.
"C'est important de faire de la pédagogie"
Les clients peuvent effectuer leur commande en ligne, ce qui permet d'éviter quelques soucis "il y avait parfois des complications sur les quais. Les gens attendaient et ils ne savaient pas qui était arrivé avant qui", raconte Lisa. Pour l'instant il n'est pas possible de payer via le site. Il faut attendre d'être sur place pour rémunérer le pêcheur, qui met en ligne les informations concernant sa cargaison directement depuis son bateau.
Philippe voit surtout dans ce nouvel outil une manière de mieux communiquer et de parler de son métier. Des informations que les clients eux-mêmes recherchent. "Les gens sont très demandeurs. Avant, c'était surtout les agriculteurs qui voulaient avoir des informations sur notre métier mais maintenant c'est aussi les jeunes, des clients qui ont 30, 40 ans", observe-t-il. C'est important de faire de la pédagogie. Souvent, les gens ont une fausse image de notre métier. Le pêcheur, pour beaucoup, c'est le vieux barbu avec des bottes."
Le site fonctionne dans tout le Finistère mais il concerne aussi tous les pêcheurs des zones côtières de France. Avec les subventions qu'elle va bientôt recevoir, Lisa compte le développer : créer un service de paiement en ligne par exemple dont l'argent des commissions sera reversée à la SNSM, mais aussi développer site, qui n'est disponible à ce jour que sur smartphone, sur ordinateur.