L’ile de Sein a gagné de nouveaux insulaires, notamment de jeunes couples. N’empêche ! Passées les fêtes de fin d’année, les maisons se vident. Ils ne sont guère plus de 80 habitants en ce moment, à faire le gros dos pour affronter les prochaines tempêtes.
244 habitants à l’année au dernier recensement. L’hiver a été clément pour l’instant mais les îliens le savent. Le décor peut changer du jour au lendemain et les tempêtes ont tendance à être de plus en plus fortes et dévastatrices.
Stanislas Jousseaume et Marie Robert, installés depuis 2015 sur l’île comme ostréiculteurs, en ont fait les frais la première année. La mer démontée avait arraché une grosse partie des tables à huîtres. Désormais, après le coup de feu des fêtes de fin d’année, ils mettent à l’abri une grosse partie de leur production d’huîtres dans des bassins.
Certes il y a toujours du travail sur les parcs mais en ce début d’année, ils ont aussi du temps pour eux. Ils en profitent pour faire de longues balades en famille avec leur petite fille ou prendre le soleil sur les quais. "Ici, il n’y a pas de bruit, pas de voiture, juste le cri des goélands", sourit Stanislas.
La tranquillité, c’est une partie du bonheur (Marie)
Un concentré d’île
L’hiver, l’île incite à la réflexion et à la rêverie. C’est la période que préfère le peintre Fañch Moal. Lui qui a passé une partie de son enfance sur l’île, y revient fréquemment pour écrire et dessiner. En ce moment la lumière est plus dure mais elle met en relief le paysage.
Perché sur un rocher, il lui arrive de faire quelques esquisses qui nourriront plus tard les tableaux réalisés dans son atelier du Cap Sizun. "L’hiver, on n’est pas distrait. Les gens que vous rencontrez sont comme vous, ce sont des taiseux. C’est une solitude, mais une solitude aménagée car on n’est pas tout seul non plus. On ressent l’île plus fortement. On en ramasse davantage" explique Fañch Moal.
Premier hiver
Parmi les nouveaux habitants, Nicolas Créac’h, qui a posé ses valises sur l’ile en juin dernier avec sa compagne. Récemment embauché par la compagnie maritime Penn ar Bed, il s’apprête à passer son premier hiver à Sein. Nicolas, la trentaine, y a déjà vécu par intermittence et se réjouit de renouveler l’expérience. "Bizarrement, c’est chaleureux l’hiver ! On a du temps à consacrer aux autres, on ne regarde pas sa montre, on fait des repas entre amis".
Pour Hélène Caroff, la nouvelle enseignante de l’école primaire ce sera aussi le premier hiver. Débarquée en septembre du continent, elle n’appréhende pas du tout cette saison. "Au contraire, c’est plutôt les beaux jours qui pourraient me faire peur, avec des touristes partout ! En cette saison, les relations avec les iliens sont plus authentiques, il y a un vrai lien social. Je suis plutôt fière de passer l’hiver sur l’île et puis je suis une solitaire. J’aime me promener dans le vent ou sous la pluie."
Ce n’est pas Léa, 9 ans, qui la contredira. Elle qui adore par-dessus faire du vélo quand il y a du vent et courir le long du quai des Paimpolais pour essayer d’éviter les vagues.