La société de fret ferroviaire Combiwest, créée par des agriculteurs bretons, renonce à bloquer le trafic des trains en région parisienne jeudi pour protester contre les entraves à son développement.
"Combiwest est interdit de participer au mouvement autour de Paris", a indiqué Jean-François Jacob, le président de l'entreprise, lors d'une conférence de presse au siège de la Sica de Saint-Pol-de-Léon (Finistère). La Sica, premier groupement de producteurs de légumes français, détient 90% de Combiwest."Je n'ai pas le droit de manifester mais on ne m'empêchera pas de parler", a-t-il poursuivi. "Que la SNCF se méfie", a-t-il en outre averti, en disant refléter l'exaspération des salariés de l'entreprise, qui emploie une cinquantaine de personnes. L'entreprise ferroviaire, basée à Rennes, affirmait dimanche avoir "déposé à la préfecture de Bretagne une demande d'autorisation de blocage des trafics ferroviaires sur la région parisienne" pour jeudi "en soutien à la mobilisation organisée par nos actionnaires, les paysans".
Pas d'autorisation de blocage
En réponse, la préfecture de Bretagne lui a rappelé qu'aucune préfecture ne peut donner d'autorisation de blocage du trafic ferroviaire. Les éleveurs ont prévu une manifestation nationale jeudi à Paris, à l'appel de la FNSEA et des JA, en promettant de mobiliser plus d'un millier de tracteurs.10 millions de perte depuis 2011
Combiwest estime qu'elle subit des entraves d'exploitation de nature à freiner l'acheminement des denrées industrielles mais également et surtout alimentaires. "Il n'y a pas eu une semaine depuis 4 ans où Combiwest n'a pas connu d'entrave, de vol ou de sabotage" de ses outils, a assuré Jean-François Jacob, indiquant que les pertes directes pour l'entreprise depuis 2011 s'élevaient à plus de 10 millions d'euros (soit 30% du chiffre d'affaires), en raison de ces entraves de la part du gestionnaire de réseau SNCF Réseau (ex-Réseau ferré de France), chargé d'attribuer les sillons.Accusations de vol de locomotives
Combiwest, créé en 2009, mais dont l'activité n'a débuté qu'en 2011, et qui effectue des liaisons quotidiennes entre la Bretagne et le Sud-Est, estime que la SNCF lui attribue des sillons (créneaux de passage des trains, vendus par la SNCF, ndlr) de mauvaise qualité, que les locomotives louées auprès de l'opérateur historique ont des taux de panne importants et se plaint de vols de locomotives de la part de la SNCF.La SNCF, de son côté, fait état du volume important de travaux sur le réseau ferroviaire breton, qui complique les circulations et la gestion des six millions de sillons annuels, et se dit étonnée des accusations de vol et sabotage. "L'emploi de mots forts fait peut-être partie de la stratégie qui est la leur", a commenté à l'AFP Pierre Hardy, responsable du pôle clients services SNCF Réseau Bretagne-Pays de la Loire. "Une locomotive de 80 tonnes, ça ne se vole pas comme ça", a-t-il ajouté.
Le reportage de Bruno Gilbert et Christian Polet
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Intervenant : Jean-François Jacob, président de Combiwest
/ Reportage : B. Gilbert - C. Polet