Alors que l'idée d'un déconfinement territorialisé accompagné de mesures locales se profile, la région Bretagne a proposé la ville de Penmarc'h (Finistère) comme ville test. Le chef de l'Etat doit faire des annonces ce vendredi 30 avril. Les habitants de la pointe bigoudenne, eux, se préparent.
La réouverture des terrasses de restaurants, que le gouvernement dit envisager pour les semaines à venir, se fera-t-elle dans un premier temps dans une zone test ? C'est ce qu'espère Gwenola Le Troadec, maire de Penmarc'h (Finistère). Elle est plus que motivée à voir sa ville se transformer d'ici moins d'une semaine peut-être en "laboratoire de déconfinement".
J'ai appelé le président de région dès que j'ai su qu'il travaillait sur ce projet avec le Premier ministre et le ministre de la Santé.
Il faut dire que l'idée d'un déconfinement territorialisé semble l'emporter, même au plus niveau de l'État. Ce lundi 26 avril, Emmanuel Macron, en déplacement à Melun (Seine-et-Marne), s'est exprimé à ce sujet: "On va sans doute fixer un seuil de taux d'incidence. Je pense qu'on ne peut pas rouvrir les restaurants fin mai, courant juin, dans les départements où ça circule encore beaucoup. Dans d'autres, où ça a beaucoup baissé, je pense qu'il faudra les ouvrir". Ce vendredi 30 avril, le chef de l'État devrait préciser les mesures à venir. Un plan national, qui pourrait donner également le pouvoir aux préfets pour appliquer des mesures locales si le besoin s'en faisait sentir.
Début avril, Loïg Chesnais-Girard, le président de la région Bretagne, affichait sa volonté de voir sa région choisie comme "laboratoire de déconfinement" : une zone qui testerait avant le reste du pays la réouverture des bars et restaurants, ainsi que les lieux de culture.
Nous pouvons faire de la #Bretagne un laboratoire du déconfinement.#DirectCRBZH #COVID19 pic.twitter.com/z36jsxRpnl
— Loïg Chesnais-Girard (@LoigCG) April 9, 2021
Dans une lettre écrite au Premier ministre Jean Castex le 7 avril dernier, Loïg Chesnais-Girard proposait la mise en oeuvre au niveau local d'un "plan de gestion et de sortie de crise".
Le socialiste insistait notamment sur le faible taux d'incidence dans la région. "La Bretagne a la chance de faire partie des régions les moins touchées par la pandémie de Covid-19", rappelait-il au Premier ministre. Au 28 avril, la région enregistrait 180,6 cas pour 100 000 habitants et un taux de positivité de 7,4 %.
Et la palme du taux d'incidence le plus bas de France revient au Finistère : 92,8 cas pour 100 000 habitants, ce 28 avril
"Un déconfinement sous contrainte"
Penmarc'h est comme une presqu'île où il y a beaucoup de place et peu d'habitations. Notre état sanitaire est parfaitement respecté, il n'y aucune hospitalisation à ce jour.
"On devra travailler, ajoute toutefois la maire de Penmarc'h. Ce sera un confinement sous contrainte".
Plusieurs questions restent à cette heure-ci sans réponse : faut-il augmenter la taille des terrasses, les trois quartiers de la ville seront-ils concernés par les mesures, combien de temps va durer cette période de test ?
Pour ce qui est du port du masque, "il est déjà imposé sur le marché et sur les rues adjacentes". La maire considère que la contamination est faible en extérieur mais qu'il faudra tout de même "rester prudent" en gardant les gestes barrières. "Et nous pourrions imaginer un couvre-feu plus tard, à 20 heures", propose-t-elle.
Autre question en suspens : dans le cas où les bars et restaurants rouvrent, comment gérer l'afflux de personnes dans une seule et unique commune de 5 000 habitants ? "Nous avons eu beaucoup de monde l'été dernier et à Noël. Cela n'a eu aucune incidence sur les taux de Covid-19 ici", affirme la maire de Penmarc'h.
Selon elle, la reprise de l'école ce lundi va limiter les déplacements car "les gens vont rester chez eux". Et si l'afflux venait des villes ou départements voisins ? "Nous discutons aussi avec les autres communes et notamment l'intercommunalité du pays Bigouden sud", répond la maire de Penmarc'h. De toute façon, Gwenola Le Troadec veut croire en l'intelligence collective.
Nous sommes un territoire protégé de la pandémie et ceux qui viennent ici en ont conscience. A nous d'être vigilants sur l'accueil, mais nous pouvons avoir confiance en nos visiteurs.
Une commune dans les starting-blocks
Dans la ville, les commerçants et artisans attendent ce jour depuis des semaines maintenant. Même si rien n'est encore défini, certains préparent activement ce déconfinement territorialisé.
"Tout le monde est dans les starting-blocks ici, confie Martine Cariou, gérante de la boutique de produits locaux "Le Comptoir d'Eckmühl", se trouvant au pied du phare. Son commerce est resté ouvert en ce troisième confinement.
Il faudra peut-être appliquer un peu plus de gestes barrières, mais nous sommes tous déjà très vigilants et organisés. Les panneaux à l'extérieur sont en place. On fait attention à nos clients et à notre personnel derrière le comptoir.
"On ne sait pas dans quelles conditions cela va se faire", s'interroge Alexandra Coatmen, responsable des pôles des phares à Penmarc'h. C'est elle qui organise les visites, ainsi que les expositions dans le vieux phare et le phare d'Eckmühl.
Le phare est fermé depuis le 29 octobre, et il aurait dû rouvrir le 1er avril. On a dû reporter les expositions. C'est très frustrant d'être dans l'attente, alors nous sommes ravis de pouvoir peut-être rouvrir dès la semaine prochaine.
En cas de réouverture dans les jours prochain, Alexandra Coatmen présentera un protocole sanitaire identique à celui de l'été dernier. Elle le juge "sévère" : dix personnes sont autorisées à visiter le phare pour une durée de trente minutes. "Avant, c'était 50 à 60 personnes en une heure."
"J'ai dû appeler plus tôt mon personnel saisonnier. Tout va vite, mais on est prêt : le gel hydroalcoolique est là, le marquage au sol aussi. On attend."
Reste à savoir si Penmarc'h jouera un rôle de "laboratoire de déconfinement".