Le député sortant, Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des Territoires est enferré dans l’affaire immobilière des Mutuelles de Bretagne. A la suite de ces révélations, la campagne tourne au vinaigre et ses concurrents, pourtant divisés, pourraient finalement tirer leur épingle du jeu.
Il y a encore peu, cette législative dans la circonscription "Carhaix-Châteaulin" s'annonçait comme un boulevard pour le député sortant, ex-socialiste, marcheur de la première heure, bras droit d’Emmanuel Macron et désormais ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand. Les scores d’En Marche au niveau national et local laissaient peu de doute sur sa réélection, toute symbolique d’ailleurs, puisque c’est évidemment sa suppléante, Laetitia Dolliou, qui siégerait en cas de victoire.
Mais depuis les révélations du Canard Enchaîné, la pression médiatique a enflé, les articles se sont multipliés, une enquête a été ouverte par le parquet de Brest, une perquisition menée aux Mutuelles de Bretagne, et cette route toute tracée est devenue de plus en plus chaotique...
Droit dans ses bottes
La plupart des opposants du candidat de La République en Marche demandent sa démission mais le nouveau ministre de la Cohésion des Territoires, en campagne le week-end, reste droit dans ses bottes et s'en remet aux électeurs. Labourant ce territoire du Centre Finistère depuis 25 ans, il martèle qu’il est honnête et n’imagine pas perdre la confiance de ceux qui l’ont élu député il y a 5 ans.Les autres candidats pourraient surfer sur cette affaire Ferrand qui rebat les cartes mais pour son concurrent de toujours, le maire régionaliste de Carhaix, Christian Troadec, cela plombe la campagne, la détournant des questions de fond. Pour, le leader de "Oui la Bretagne" qui fut aussi celui des Bonnets Rouges, le risque est de favoriser l’extrême droite et le "tous pourris" qui met en péril la démocratie. Le candidat régionaliste, l’autre "laboureur" du Centre Finistère, fait campagne sur l’emploi et l’économie avec comme slogan "Vivre, décider et travailler en Bretagne". On le sait aussi très mobilisé sur les questions culturelles, linguistiques, et partisan de la réunification de la Bretagne.
Pas de candidat socialiste face à l’ex-député socialiste
Divisé sur le cas de Richard Ferrand encore adhérent socialiste il y a peu, tout en étant "En marche", le PS ne présente personne dans cette circonscription "réservée" aux écologistes. Le candidat vert Nathanaël Legeard et le maire de Carhaix ont bien essayé de s'entendre pour contrer le ministre de la République en marche, mais leurs visions de l'économie divergent, le premier défendant une économie et une agriculture locale à l’empreinte carbone limitée, alors que le second est connu pour être l’une des chevilles ouvrières de l’implantation de l’usine chinoise Synutra à Carhaix.Dans l'autre ville de la circonscription, la maire de Châteaulin et candidate LR Gaëlle Nicolas pouvait appréhender cette campagne après le piètre résultat de François Fillon à la présidentielle (17,4%). Elle fait tout pour s'en détacher et annonce qu’elle serait une députée constructive, sachant voter les lois qui iraient dans le sens de son engagement libéral notamment en matière économique.
"Des affaires qui choquent beaucoup les gens"
Quant au candidat de la France insoumise, Jean-Michel Lucas, il n'hésite pas à rebondir sur les affaires Fillon et Ferrand, et quand ce n'est pas lui qui les aborde, ce sont les électeurs qu’il croise dans les nombreux territoires ruraux délaissés, économiquement sinistrés de la circonscription. "Les travailleurs de l’agro-alimentaire, les retraités et les chômeurs sont choqués par les sommes dont il est question dans les médias et veulent sanctionner leur député sortant" rapporte-t-il.Mais comme ailleurs, la gauche et la droite partent très divisées en Centre Finistère. Alors difficile de faire la balance entre des sondages nationaux qui donnent La République en marche grand vainqueur et les 54% de Français qui trouvent qu’Emmanuel Macron ne devrait pas garder Richard Ferrand au gouvernement. Les 11 et 18 juin, les électeurs de la 6ème circonscription du Finistère peuvent sauver le ministre Ferrand tout comme ils peuvent lui sortir un carton rouge.
Les autres candidats de la 6ième circonscription
- PAUL Maxime (PARTI COMMUNISTE FRANCAIS)
- QUEINNEC Jean, UNION DES PATRIOTES (EXTREME DROITE)
- PIRO Élisabeth, LUTTE OUVRIERE (EXTREME GAUCHE)
- CARPENTIER Catherine, UNION POPULAIRE RÉPUBLICAINE (DIVERS)
- FEHRINGER Bernard, PARTI ANIMALISTE (DIVERS)
- BÉRA Robert (DIVERS GAUCHE)
- CHABROL Lionel, LA FRANCE QUI OSE (DIVERS)
- ROSSIGNEUX Sophie (DEBOUT LA FRANCE)
- LE FUR Patrick (FRONT NATIONAL)