Morlaix. A la Manufacture, l'architecte en chef des monuments historiques veille aux travaux

La Manufacture de Morlaix est un lieu emblématique de la cité du viaduc. Elle a changé de fontion lorsque la Seita a définitivement fermé en 2004. Aujourd'hui, le lieu, classé, se refait une beauté sous la surveillance de l'architecte en chef des monuments historiques. 

Le bâtiment était un centre névralgique ouvrier de Morlaix. A son apogée "la Manu", comme l'appellent les intimes, embauchait plus de 2000 personnes pour produire des cigares, cigarettes, cigarillos et tabac à priser. L'usine bretonne est la première manufacture des tabacs de France. Elle a été construite au début du XVIIème siècle par Blondel, un architecte de l'académie royale d'architecture.

Deux siècles plus tard, en 2001, elle est classée aux monuments historiques. Peu de temps après, en 2004, la Seita, ferme définitivement

Rénover et moderniser en respectant l'histoire architecturale du lieu

En 2002, la chambre de commerce et d'industrie de Morlaix (propriétaire du bâtiment depuis peu) réfléchit à transformer ce bâti de 32 000m². L'idée émerge d'en faire un quartier de vie ouvert sur la rivière et la ville, accessible à tous. Le schéma de reconversion comprend des logements, de l'enseignement, des entreprises et de la culture. Au fil des ans, Morlaix Commuauté s'investit dans le projet jusqu'à devenir l'actuel propriétaire des lieux.

Il n'y a que des contraintes quand on fait des travaux dans un bâtiment classé. 

Bruno Decaris, architecte en chef des monuments historiques

Le pan culturel de la Manu de Morlaix sera notamment porté par un centre des cultures scientifique, technique et industrielle. Impossible d'effectuer des travaux sans la surveillance d'un architecte en chef des monuments historiques. c'est Bruno Decaris et son équipe qui veillent à ce que toutes les modifications soient en totale conformité avec l'origine et l'esthétique du bâtiment. "Il n'y a que des contraintes quand on fait des travaux dans un bâtiment classé" explique l'architecte.

"Il faut faire le tri entre le projet authentique et les commodités rajoutées au fur et à mesure, comme les replâtrages, l'isolation. Le projet originel c'est une grande unité de granit et de moellons enduits. Notre travail est de déceler ce qui est incongru, le supprimer et revenir à quelque chose qui corresponde plus à l'unité générale."

Les nez de marche, les vérifications des architectes jusque dans les moindres détails

A la Manu, le bâti général du XVIIIème siècle sera donc ce qui sera conservé en priorité. Car l'usine a connu de nombreux aménagements pour s'adapter aux besoins des époques qu'elle a parcourues. "Ca fait partie de son histoire, il y a des arbitrages permanents à faire", reconnaît Bruno Decaris, l'architecte.

Les aménagements qu'a connu la manufacture des tabacs de morlaix font partis de son histoire. c'est toute la difficulté de savoir ce qui est conservé ou pas.

Bruno Decaris, architecte en chef des monuments historiques

C'est au pas de course qu'il parcourt avec son équipe les différents lieux du chantier. Dans la cour, l'architecte s'inquiète de l'évacuation de l'eau en cas d'intempéries ; dans la future salle d'accueil de l'Espace des sciences c'est la question des nez de marches (un arrondi qui dépasse de la largeur de la marche qui permet de créer une ombre et donne l'impression que la marche est moins haute qu'elle ne l'est) qui suscite le débat entre les spécialistes. Ailleurs, la couleur des portes ou l'utilisation de tel ou telle chaux sur les murs, rien n'échappe au regard vigilant de l'architecte en chef des monuments historiques. 

Faire vivre la mémoire industrielle du lieu

L'Espace des Sciences ou Centre des Cultures et techniques, scientifiques et industrielles ne sera inauguré qu'en 2022. En attendant, dans ces grandes salles qui accueillèrent les petites mains de la production tabacole et l'odeur des feuilles de tabac frais, c'est davantage l'odeur du ciment et de la poussière qui domine. 

"Il y a une mémoire ouvrière d'un endroit qui a fait vivre toute la ville de Morlaix pendant des générations et des générations" reconnaît Agnès Pontremoli, architecte de l'équipe de Bruno Decaris. 

Bientôt, les visiteurs de l'Espace des Sciences pourront découvrir une salle sur l'épopée géologique du Massif Armoricain, les salles des machines anciennes et des moulins à raper le tabac à priser ou encore le pendule de Foucault. Tout un programme. 

 

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