Procès des attentats du 13-Novembre. "J'ai peur de l'après". L'attente du verdict pour Edith, rescapée du Bataclan

Edith se trouvait au Bataclan le soir du 13 novembre 2015. La jeune femme, qui a quitté Paris pour Morlaix il y a 3 ans, a traversé toutes sortes d'émotions pendant le procès des attentats. Dans deux jours, elle en connaîtra le verdict, après 10 mois d'audience. Et cet après, elle le redoute. "On sera face à un abysse" dit-elle.

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C'est à Morlaix qu'Edith s'est installée il y a trois ans. Loin de Paris. Loin du Bataclan où, le 13 novembre 2015, elle a vécu l'enfer. Une soirée tragique qui continue de la hanter, ainsi qu'elle le racontait quand nous l'avions rencontrée en 2021. "Tous les jours, à un moment donné il se passe quelque chose, ça peut être très bref, juste une image mais elles sont ancrées profondément dans nos cerveaux" confiait-elle alors.

"Faire le deuil du pourquoi"

Edith est retournée à Paris pour assister au procès des attentats du 13-Novembre dont le verdict est attendu ce mercredi soir, après 10 mois d'audience.

Elle y est allée par "besoin d'y être", dit-elle, deux à trois jours chaque semaine. Pour obtenir des réponses aussi, à cette seule question qui tourne en boucle dans sa tête : pourquoi ? "Je ne les ai pas eues et je ne les aurai jamais. Je dois faire le deuil de ce pourquoi" explique celle qui a également témoigné à l'ouverture des débats.

Quand elle ne pouvait pas prendre place sur le banc des parties civiles, elle suivait les audiences depuis Morlaix. "Tout mon quotidien depuis 10 mois est régi par ce procès, constate-t-elle. Le matin, quand je me lève, je fais le point sur ce que j'ai raté la veille. J'écoute les audiences depuis la web radio qui est réservée aux parties civiles, je regarde les fils Twitter et je reprends tout cela le soir".

"La béance de l'après"

Pendant ces 10 mois, cette fan de rock est passée par toutes sortes d'émotions. "Comme tous les autres, j'imagine". La frustration, l'ennui, le ras-le-bol, le 'pourquoi on s'impose ça', la colère, la douleur, le chagrin... "C'est impossible de dire en un mot, en une phrase comment j'ai vécu ces 10 mois".

L'après-verdict ? Edith le redoute. "J'ai la trouille d'être à ce jour-là". Elle parle de "la béance de l'après", citant l'un des avocats des parties civiles. "On est face à un abysse. On va faire plouf, relate-t-elle. La justice a fait son travail, c'est très bien. La réparation de nos blessures, de nos traumatismes, ce n'est pas le procès qui le permettra. Apprendre à vivre avec, oui. Etre réparée, cicatriser, se soigner, je ne pense pas. Ça ne se passe pas comme ça dans la réalité".

"Ni pire ni mieux"

La jeune femme a certes trouvé un havre de paix dans le nord-Finistère, pour elle et sa famille, mais la mémoire ne lui a guère laissé de répit. Elle a tenu bon pendant le procès. "Nos convictions les plus profondes ont pu être ébranlées par ce que l'on a entendu, analyse-t-elle. Les certitudes que je pouvais avoir se sont pas mal effritées aussi. Là, il y a une forme d'inconnue dont je ne maîtrise rien pour l'instant".

Quand on lui demande simplement comment elle va aujourd'hui, Edith ne sait quoi répondre. "Ni pire ni mieux qu'au démarrage du procès" finit-elle par dire. Avant de lâcher : "En fait, je ne sais pas comment je vais".

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