Rescapée des attentats du Bataclan, Edith Seurat a tourné la page en changeant de vie à Morlaix. Le 6 octobre, elle témoignera au procès qui s'est ouvert il y a quelques jours. De ces auditions, elle espère des explications pour comprendre cette soirée qu'elle a vécue recroquevillée sous un siège.
Le Bataclan, Edith Seurat l’a tatoué sur son avant-bras gauche. Les stigmates de cette soirée du 13 novembre 2015, eux sont gravés dans sa mémoire. Si elle n’a pas été blessée dans sa chair, elle tenait à matérialiser ces deux heures d’épouvante.
J’ai eu besoin de me faire mal et de me marquer.
"Il n’y avait rien sur moi qui montrait les stigmates, j’avais juste du sang sur les semelles. Là, j’ai eu besoin de me faire mal et de me marquer", explique la rescapée.
Il y a trois ans, Edith a fini par fuir Paris. La vie y était devenue trop pénible. Son quartier lui rappelait trop les événements. La jeune femme n’osait même plus descendre dans la rue.
Elle avait besoin du calme d’une petite ville pour se reconstruire, ne plus sursauter au moindre bruit mais l’enfer du Bataclan continue de la hanter. Aujourd’hui installée à Morlaix avec sa famille, elle ne parvient toujours pas à franchir les portes d’un cinéma ou d’un théâtre.
"Tous les jours, à un moment donné il se passe quelque chose, ça peut être très bref, juste une image mais elles sont ancrées profondément dans nos cerveaux."
Un virage à 180°
Aujourd’hui à Morlaix, cette fan de rock retape une boutique du centre-ville. Elle sera dédiée à la photo, aux tatouages et au rock. Comme un nouveau départ. Ou simplement une continuité après un virage à 180 degrés dû à cet accident de la vie.
Evoquer tous ses souvenirs reste douloureux. "J’ai perdu mon boulot, j’ai perdu ma vie sociale, mon lieu d’habitation, ma santé mentale en partie. J’essaie de faire en sorte que ça s’arrange."
Le ton saccadé de sa voix trahit le stress qui la gagne. "J’ai souvent entendu, allez fais un effort. Ressaisis-toi. Ce n’est pas que je ne veux pas. Mais il y a des choses qui ne sont pas encore possible. J’ai besoin d’avoir comme tout le monde des projets, une vie, des choses à faire. Mais je ne veux pas oublier."
Il y a des informations qui sont données que je n’avais pas et qui me permettent de construire ma mémoire.
Le procès des tueurs du 13 novembre 2015 s’est ouvert le 8 septembre au palais de justice de Paris. Edith viendra témoigner à la barre le 6 octobre prochain. Elle espère que les audiences lui donneront enfin une vue d’ensemble de cette soirée tragique qu’elle a vécue recroquevillée sous un siège.
"J’attends des réponses des enquêteurs, des magistrats. Par le biais de ce procès, il y a des questions qui sont posées, des informations qui sont données que je n’avais pas et qui me permettent de construire ma mémoire."
En revanche, elle n’espère rien des terroristes. Même pas qu’ils répondent à la question pourquoi.