En septembre, un quartier de prise en charge de la radicalisation va ouvrir au centre pénitentiaire des femmes de Rennes. Un des quartiers de la prison a été aménagé et sécurisé pour accueillir ces détenues pour une période de six mois renouvelables.
Le 6 septembre prochain, ce quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR) accueillera 6 femmes radicalisées. A terme, elles seront 29 dans les années à venir. C'est le premier quartier de la sorte en Europe et en France. Le centre pénitentiaire des femmes de Rennes a été choisi pour son "savoir-faire" avec des terroristes basques mais aussi parce qu'il est la seule prison de France à accueillir exclusivement des femmes.
Un quartier spécialement aménagé
Ce quartier réservé aux femmes radicalisées, se situera à part du reste du centre pénitentiaire. Ce sont des anciens locaux qui ont été aménagé et sécurisés en 2021 pour cette mission très spécifique. Le quartier comprend une zone d'hébergement (29 places dont deux nurseries), une cour de promenade, une salle de sport, une salle de soin et des salles d'activité.
Pour Véronique Sousset, la directrice du centre pénitentiaire, "il ne s’agit pas d'un quartier d’isolement amélioré. C'est bien un quartier de prise en charge, avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation, avec les surveillants et avec les gradés. Qu’est-ce que ça signifie la prise en charge ? Évidemment, ce sont à la fois des observations, des évaluations, des activités spécifiques, l’idée étant de désengager de 'l’agir violent' et aussi d'éviter le risque de prosélytisme."
"Prévenir des risques en détention mais aussi préparer la sortie"
Toutes les femmes qui séjourneront dans ce quartier spécialisé "auront été évaluées préalablement". "Ce sont des condamnées ou des prévenues pour faits de terrorisme" précise Véronique Sousset. "Mais toutes les femmes condamnées pour terrorisme n'ont pas vocation à passer dans ce QPR".
La durée de séjour est de "séjour" est de 6 mois renouvelable et l'expérience dans les QPR hommes a démontré qu'il fallait 18 mois pour "une prise en charge qui ait du sens, car l'intérêt est de ne pas faire toute la totalité de sa peine au QPR mais d'y faire quelque chose pour prévenir des risques en détention, mais aussi préparer la sortie ".
Les détenues pourront travailler ou suivre une formation professionnelle pendant leur incarcération mais cela leur sera limité afin d’éviter tout contact avec d’autres détenues non-radicalisées
Cette prise en charge, la même que celle appliquée aux hommes radicalisés, passera également par la prévention de la récidive et l'évaluation périodique de la radicalisation.
L'un des objectifs, est d’éviter que les détenues se radicalisent encore plus entre elles en prison. Comme le précise Ismaël Riggy, directeur adjoint pour la mission de lutte contre la radicalisation violente à l’Administration centrale, "on n’a pas de baguette magique, pas de solution miracle. En revanche, on a une obligation de moyens renforcés. On fait en sorte de les ramener à la communauté, d’insuffler du doute sur leur croyance, ce qu’elles pensent des acquis."
Des personnels formés et adaptés
Du personnel pénitentiaire a été spécifiquement affecté à ce QPR : des personnels "gradés", 12 surveillantes (à terme 18), 2 (puis 3) conseillers d'insertion et de probation, 2 psychologues, 2 éducateurs du réseau Mission de lutte contre la radicalisation violente et une assistante sociale.
Cette surveillante pénitentiaire, qui s’est portée volontaire pour travailler auprès de ces détenues radicalisées, explique avoir reçue une formation spécifique de trois semaines permettant de mieux connaître le djihadisme féminin : "On nous a présenté l’islam : on est parti de la base, ensuite à l’islam radical. On a eu des interlocuteurs très chevronnés, une sociologue venue de Suisse, une doctorante, des historiens, des médiateurs du fait religieux. Ils nous ont décortiqué l’évolution de la femme djihadiste pour comprendre le basculement et ce qui les ont poussé à basculer dans l’idéologie djihadiste."
L’administration du centre pénitentiaire n’exclut pas d’accueillir ici un jour les djihadiste françaises détenues par les Kurdes en Syrie.