Emilie König : de Lorient à la Syrie, le parcours de la djihadiste raconté dans un livre

Emilie König, première femme inscrite par les États-Unis sur la liste noire des terroristes internationaux a été arrêtée début 2018. Aujourd'hui détenue en Syrie, elle a croisé la route du journaliste Olivier Barruel qui signe le livre "La bombe humaine, itinéraire d'une djihadiste."

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Figure de la mouvance djihadiste, Emilie König, 34 ans, et originaire de Lorient, a été arrêtée en janvier 2018 par les forces Kurdes. La jeune femme convertie à l'Islam, a fait le choix des armes, au nom d'Allah. 
 
Le journaliste Olivier Barruel l'a rencontrée et a échangé avec elle pendant trois ans, de 2012 à 2015, juste avant que son nom apparaisse sur la liste noire des terroristes internationaux diffusée par les États-Unis. Dans un dernier message, Emilie König lui indiquera d'ailleurs qu'elle ne rentrera plus en contact avec personne désormais, qu'elle fait la guerre et qu'elle n'a pas le temps pour autre chose.

Dans son livre "La bombe humaine, itinéraire d'une djihadiste" il revient sur son parcours, qui l'a mené de la Bretagne, jusqu'à la Syrie et sur ses choix. 
 

La première rencontre


"C'était impressionnant. Je me suis retrouvée face à trois femmes en niqab à Boulogne en région parisienne. On m'avait dit qu'elle s'appelait Samra. Je me suis dit que j'arrivais dans une embrouille, je me suis demandé si on ne me tendait pas un piège." Comment savoir que c'était vraiment elle ? Olivier Barruel devra jouer la patience et la confiance. Emilie König lui présentera son passeport bien après cette première rencontre. Ce sera à Lorient, sans retirer son voile. Le journaliste rencontrera aussi la mère de la jeune femme, puis une amie d'enfance, qui viendront confirmer son identité. 


Pourquoi parle t-elle à un journaliste ?


"Au départ, elle me parle à cause de Nassim du collectif Cheikh Yassine car c'est lui qui m'a mis en contact avec elle et qu'elle est amoureuse de lui. Elle espère attirer son attention. Elle se livre ensuite parce que je lui donne la parole. Elle me dira "c'est parce que j'ai un message à passer, vous ne savez pas encore lequel mais vous allez comprendre." 


Sa conversion


Selon Olivier Barruel, difficile d'établir à quel moment exact Emilie König se convertit. Cette dernière lui dira avoir commencé sa démarche vers 16 ans. Pour sa mère, ce serait plutôt vers 24 ans. Sa conversion a lieu à un moment difficile pour elle, relève le journaliste "c'est une jeune fille triste, ses parents ne la comprennent pas, son père est absent, elle vit des déceptions amoureuses répétées. Elle aurait lu la Torah, la Bible avant d'avoir une révélation avec le Coran."

Elle se met alors à porter le niqab, guidée par la colère qu'elle a envers la police qui sanctionne justement le port du voile. Être Musulmane lui, apporte dit-elle, une stabilité et une solidarité avec ceux ou celles qu'elle appelle ses frères et ses sœurs. Elle-même participera à la conversion d'autres jeunes filles.


La colère monte


Au fil du temps, Olivier Barruel constate un changement d'attitude chez Emilie König "je sens que la colère monte, qu'elle se perd, qu'elle perd ses repères. Lorsque je lui fais des remarques, elle se braque." Leur relation sera ponctuée de longues absences de communication. Le journaliste reçoit des nouvelles sporadiques par message. 

Elle est d'abord contre les armes souligne t-il. "À l'époque, elle dit oui je veux convertir le monde comme tout bon musulman mais elle ne supporte pas les terroristes. Elle me dira assez justement "que ce n'est pas la bonne manière de convaincre parce que l'on va effrayer la population. Il suffit juste de porter le message d'Allah." 

Pour Olivier Barruel, tout change après un stage de combattants qu'elle effectue en Belgique. 
 

"Le plus surprenant c'est sa bipolarité"


Après trois ans d'échanges et de rencontres, Olivier Baruel se dit toujours surpris par la bipolarité d'Emilie König. "Elle est capable du pire, comme du meilleur. Je l'ai vu avec ses enfants en Bretagne et j'ai été très touché par certaines scènes. En même temps, elle est capable d'insulter sa propre mère et de la traiter de fasciste et de raciste ou de me dire qu'elle dort avec une ceinture d'explosifs en Syrie, prête à tout faire péter." 

De cette vie en Syrie, pays où elle vit dès 2012 , elle raconte au journaliste à quel point "c'est génial, avec une solidarité entre les gens qui n'a rien à voir avec la France. S'il n'y avait pas les bombardements et la guerre, ce serait le paradis. Elle invitait d'ailleurs tout le monde à venir y vivre." 
 
Contacté, l'avocat de la jeune femme se refuse à tout commentaire public concernant ce livre.

 
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