Lorient. Qui est Emilie König, la figure de Daesh arrêtée par les forces kurdes ?

Partie faire le jihad en Syrie, la Lorientaise Émilie König était sur la liste noire des "combattants terroristes étrangers" recherchés par les États-Unis. Avant d'être arrêtée, elle jouait un rôle important de propagandiste et de recruteuse. 

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Le Département d'Etat américain avait publié en septembre 2015 une liste de noms d'organisations et d'individus considérés comme des combattants terroristes étrangers. Trois français étaientdésignés, dont Emilie König, une Lorientaise, figure de la mouvance jihadiste française en Syrie.

D'après l'AFP, septembre 2015.

Pourquoi figure-t-elle sur cette liste ?

Dans le communiqué de Washington, on peut lire qu'il est reproché à cette jihadiste d’ "avoir ordonné à des individus en France d’attaquer des institutions gouvernementales françaises".

"C'est une personnalité dans la communauté jihadiste, elle est très active sur les réseaux sociaux, sert à la propagande et au recrutement de volontaires" a confié mardi soir à l'AFP un responsable de la lutte anti-terroriste, qui demande à rester anonyme.


"Nous la connaissons très bien". Selon lui, c'est la première fois qu'une femme jihadiste est ainsi désignée par les autorités américaines. Surveillée par les services de renseignements, elle est surprise en train d'appeler ses contacts en France pour les inciter à monter des attaques contre les institutions françaises, ou de s'en prendre aux femmes de soldats français déployés notamment au Mali.

Il y a un an, le 23 septembre 2014, son nom avait été ajouté par les Nations unies à sa liste des personnes associées à Al Qaïda en Irak. Elle faisait ainsi l'objet de sanctions internationales et d'interdictions de voyager.

Fille de gendarme

Née il y a 31 ans à Lorient, d'un père gendarme, dernière d'une famille de quatre, Emilie König suit une scolarité normale, faute d'être brillante, puis se convertit au contact de son premier mari, algérien d'origine, emprisonné pour trafic de drogue. 

Elle apprend l'arabe, se fait appeler Samra, se voile entièrement et, au contact du groupe islamiste nantais Forsane Alizza, elle commence sa radicalisation.

En 2010, portant le niqab, elle est repérée près de la mosquée de Lorient, où elle tentait de distribuer des tracts appelant au jihad. Elle se rend souvent à Paris, se fait remarquer en manifestant aux premiers rangs, intégralement voilée. "Elle venait prier le vendredi à la mosquée, à Lorient", confiait l'Association culturelle et islamique de Lorient, à Ouest-France.

Jusqu'au jour où elle a distribué des tracts d'un groupuscule salafiste. Une initiative réprouvée localement : "Nous n'avons jamais tenu de propos radicaux".

Altercation au tribunal de Lorient

Au printemps 2012, convoquée au tribunal de Lorient, elle se présente en niqab, refuse de se dévoiler, provoque une altercation avec un vigile, relate Le Télegramme. Elle filme la scène et la poste rapidement sur les réseaux sociaux, criant à la discrimination.

Elle laisse ses deux enfants en France

Après la dissolution de Forsane Alizza, dont les principaux membres ont été traduits en justice, elle ouvre plusieurs pages Facebook appelant à la guerre sainte. Au printemps 2012, elle laisse en France ses deux enfants pour rejoindre en Syrie son mari, qui avait rejoint le groupe qui allait peu après devenir le groupe Etat islamique avant d'être tué. Elle fait ainsi partie des premiers Français à avoir franchi la frontière turque pour prendre part au jihad en Syrie.

Egérie de la propagande

Emilie König ne prend pas part aux combats en Syrie, dans un mouvement où les femmes ne sont pas considérées comme des combattantes potentielles et le plus souvent confinées à des rôles de soutien.

Elle apparaît néanmoins fréquemment dans des vidéos de propagande. Dans l'une d'elles, mise en ligne le 31 mai 2013, elle pose avec un fusil à canon scié, comme si elle s'entraînait au tir. Dans une autre, postée un mois plus tard, elle adresse un message de propagande à ses enfants restés en France. "N'oubliez pas que vous êtes musulmans", dit-elle à ses fils, confiés à leur grand-mère. "Le jihad ne cessera pas aussi longtemps qu'il y aura des ennemis à combattre". 


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