Le marché de l'occasion ne cesse de se développer… et cela dans tous les domaines. Depuis 2006, la ville de quimper vend des monuments funéraires d'occasion lorsque les concessions sont arrivées à expiration. L'objectif est double: recycler des matériaux en bon état et permettre aux moins fortunés d'honorer leurs défunts.
"Là, nous avons un pot, mis en vente à 3 euros. Il faut savoir que l'on vend aussi des croix et des petites plaques. Ici, c'est un monument gris, assez demandé, qui est vendu 500 euros, soit à peu près 1/5 ème de son prix neuf. La fourchette de prix de ces monuments funéraires d'occasion va de 130 à 1300 euros".
Ce début d'inventaire est celui que nous fait Daniel Lescoat, conservateur des huit cimetières de Quimper. Car depuis 2006, la ville s'est mise à vendre des monuments funéraires d'occasion. Une démarche qui se veut environnementale en recyclant des matériaux en bon état et à la fois solidaire en proposant ces monuments recyclés à tous ceux qui veulent honorer leurs défunts mais ne disposent que de peu de moyens financiers.
Ainsi, chaque année, la ville vend entre 15 et 20 monuments funéraires. Elle met à disposition ces pierres tombales dans un catalogue mis en ligne sur le site de la mairie.
Des concessions arrivées à expiration
Chaque année, ce sont 120 concessions qui se libèrent sur les 1500 que compte la ville dans ses huit cimetières.
Des concessions qui arrivent à échéance au bout de 15, 30 ou 50 ans et que les familles ne veulent pas renouveler.
"On laisse quand même deux ans à la famille pour se décider pour une nouvelle concession ou pour récupérer le monument funéraire", explique Daniel Lescoat. "Pour cela, on met des affiches sur les pierres tombales pour les prévenir et on cherche à les contacter. Si la concession se libère, on récupère la stèle, et les ossements sont soit crématisés ou soit déposés à l'ossuaire selon la volonté des proches".
Avant de mettre en place ce service de vente de pierres tombales, la mairie envoyait ces matériaux à la déchetterie.
Un choix pour le prix et l'écologie
Pour Hélène Hoareau, le choix d'une pierre d'occasion s'est imposé comme une évidence pour la tombe de son mari. Un choix avant tout pour des raisons financières : "je suis allé voir le catalogue sur internet, il y avait plein de tombes et j'ai choisi celle qui me convenait et le prix qui me convenait, soit jusqu'à un quart du prix". Et d'ajouter : "je ne vois pas pourquoi on va dépenser de l'argent alors que l'on peut avoir une tombe magnifique pour moins cher. Ça me laisse de l'argent pour acheter des fleurs."
Pour autant, Hélène précise que "certaines personnes m'ont dit que c'était honteux". Elle s'en défend et leur répond : "je ne vois pas ce qui est honteux à faire de l'écologie et de payer une tombe moins chère, car les obsèques coûtent déjà très cher".
Le mobilier funéraire est vendu sans inscription. Le client fait généralement appel à un marbrier pour ajouter le nom du défunt et assurer la pose.
Un service qui ne pose pas de problème à Grégory Guillou, marbrier, qui n'y voit pas une concurrence "car les personnes qui achètent des monuments d'occasion ne sont certainement pas les mêmes qui iraient acheter un monument neuf à plusieurs milliers d'euros. Tout le monde y trouve son compte à mon avis."
De plus, le professionnel rajoute que de toute façon, il réalise des gravures, des réparations si nécessaire sur ces pierres récupérées et facture de toute façon la pose.
Quimper qui a été l'une des premières villes en France a donner une seconde vie aux objets funéraires a été suivie par d'autres collectivités. Quand la chasse au gaspi se combine avec économie, le marché a de l'avenir.