Quimper: quid de l'avenir des salles de cinémas d'art et essai de la ville ?

Après le rachat des Arcades par le réseau Cinéville, nombreux se sont inquiétés de l'avenir des deux salles d'art et essai programmées par l'association Gros Plan. Malgré les bonnes intentions affichées par Cinéville, certains élus appellent à la plus grande vigilance.

Depuis le 8 février dernier, les jeux sont faits pour les salles du cinéma Arcade ainsi que Quai Dupleix, dont le propriétaire, le groupe Megarama, a vendu les parts sociales au groupe Cinéville, déjà propriétaire d'un complexe de 10 salles à Quimper.

Piste évoquée mais non retenue lors d'un Conseil municipal le 7 février, le rachat par la ville, ou par l'association Gros Plan, qui programmait deux des six salles, louées et exploitées par une Régie municipale. 

L'élue de l'opposition LREM, Brigitte Le Cam, regrette via un communiqué que "la décision de ne pas envisager de solution pour un Art et Essai confié à Gros Plan était déjà prise bien en amont."

Selon elle, "c’est bien d’une cession d’activité totale qu’il s’agit, excluant Gros Plan de la programmation".


La plus grande vigilance


C'est l'avenir de cette association, dont tous reconnaissent le travail effectué depuis des années, dont il est désormais question. Gros Plan a reçu le soutien de nombreux élus, de réseaux tels que Cinephare et Acor avec lesquels ils ont lancé une pétition, ou via une page Facebook, de nombreux cinéphiles.

Allain Le Roux, l'adjoint à la Culture, ne peut que constater le rachat par le groupe Cineville, qui gère une centaine de salles dans l'Ouest, et aurait préféré que la ville rachète le cinéma Arcade. Il insiste aujourd'hui sur la vigilance des élus sur la suite de ce dossier.

"Il faut absolument que nous soyons vigilants sur plusieurs points", dont la diversité de la programmation (dont Cineville aura désormais le monopole en Cornouaille), ainsi que la reprise des 5 salariés qui aujourd'hui, dans le cadre de la Régie, exploitent les deux salles louées par la ville. 

Vigilance enfin, sur le fait que comme ils en ont montré l'intention, le groupe Cinéville continue de travailler avec l'association Gros Plan. "Si la ville de Quimper est la plus cinéphile de la région, ce n'est pas un hasard" argumente Allain le Roux, "il faut absolument que Gros Plan ait les moyens de continuer à faire toutes ses actions culturelles et pédagogiques".
 

Une convention avec Cinéville

Dès le 8 févier, alors qu'il confirmait à la presse le rachat des Arcades, une convention avec Gros Plan était déjà évoquée par Yves Sutter, le directeur du groupe S, dont Cineville est une filiale.

"Une rencontre préalable avait eu lieu avec l'association Gros Plan et nous avons émis le souhait de travailler avec eux" nous confirme-t-il, "maintenant la balle est dans leur camp, pour un projet à construire ensemble".

La situation à Quimper sera la même qu'à Vannes, où Cinéville exploite à la fois un complexe de 10 salles à Parc Lann, et le cinéma La Garenne (5 salles) sur le Vieux-Port.
 

Il ne faut pas opposer le quantitatif et le qualitatif


"A Vannes, les films "art et essai" représentent 30% de la programmation, sur les deux sites" précise Yves Sutter, "alors qu'à Quimper ils ne preprésentent aujourd"'hui que 23%".

Comme l'avait noté une étude diligentée par la ville, il y a un potentiel pour le cinema art et essai, à condition d'augmenter le nombre d'écrans qui en proposent. 

"Il faut augmenter le nombre de films d'art et essais, et en même temps garder le qualitatif" estime Yves Sutter, "et ne pas opposer les deux".
 

C'est un mouvement naturel, les gros mangent les petits, c'est ainsi


"On se sent manipulés" fustige Solenn Rousseau, la directrice de Gors Plan, révoltée par la manière dont le maire LR, Ludovic Jolivet, a conduit ce dossier. "Nous avions proposé dès 2014 un projet de reprise des Arcades, il y acvait même eu un vote favorable en 2017, et ensuite il a fait un revirement complet".

En discutant avec Cineville, y compris, se doute Solenn Rousseau, de la place de Gros Plan. Lorsque Yves Sutter rencontre l'association, il leur propose d'animer des soirées et de faire une programmation pour la jeunesse.

"C'était à prendre ou à laisser" affirme Solenn Rousseau, dont l'association, forte d'une pétition de plus de 3000 signatures en quelques jours, a choisi de laisser. "Ces propositions ne nous conviennent pas dans la mesure où elles ne correspondent pas à notre activité actuelle depuis 2007" précise-t-elle, notemment tout le programme d'éducation artistique, puisque "le Quai Dupleix disparait purement et simplement du paysage".

Une fatalité que le maire Luc Jolivet semble accepter puisque dans son bureau, Solenn Rousseau l'affirme, il leur a dit "C'est un mouvement naturel, les gros mangent les petits, c'est ainsi".

Garder deux salles spécifiques

Solenn Rousseau l'espère, la mobilisation via la pétition, les commentaire élogieux sur leur page Facebook, permettra le maintien de deux salles spécifiques dont l'association gèrerait la programmation.

C'est la contition pour "garder l'identité de Gros Plan", dont elle va montrer l'utilité en terme de nombre de films montrés, et leur typologie. Sans cela, "on perd l'intensité" de l'art et essai à Quimper. Désormais, "c'est au maire de prendre ses responsabilités".

En attendant, vers la mi-mars, le cinéma sis sur le quai Dupleix poursuivra son activité sous un nouveau nom, qui n'est n'est pas encore connu. Le Quai des brouilles ?






 
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