Un ancien militant du Front National, parti politique devenu le Rassemblement National, a été condamné par le tribunal de Quimper, pour apologie de crime de guerre et crime contre l'humanité, à six mois de prison avec sursis, ce jeudi 14 novembre. Le retraité, âgé de 69 ans, avait fait un salut nazi et dit "Heil Hitler" pendant une réunion organisée par la Ligue des Droits de l'Homme.
Le tribunal judiciaire de Quimper a condamné Jean-Yves Queinnec à six mois de prison avec sursis pour apologie de crime de guerre et crime contre l'humanité, ce jeudi 14 novembre 2024, rapporte France Bleu Breizh Izel.
Le 31 mai 2024, ce retraité de Saint-Yvi dans le Finistère assiste à une réunion publique à Rosporden, organisée par la Ligue des Droits de l'Homme de Concarneau. Le thème débattu est l'implantation de l'extrême droite en Bretagne. C'est Erwan Chartier, rédacteur en chef de l'hebdomadaire le Poher, qui est invité. Le journaliste vient témoigner des menaces qu'il a reçues après avoir relaté les péripéties de Callac. Dans cette commune des Côtes-d'Armor, la municipalité a renoncé à un projet d'accueil de réfugiés, en janvier 2023, après que plusieurs élus municipaux ont été menacé.
À la fin de la réunion, le public est invité à participer. C'est là que Jean-Yves Queinnec intervient, au départ calmement, avant d'être hué par le reste de l'assistance parce qu'il s'en prend aux immigrés. L'homme de 69 ans descend alors des gradins de l'espace culturel de Rosporden, se retourne et fait un salut nazi en disant "Heil Hitler".
"Je suis un peu un guerrier, un patriote nationaliste"
"J'ai été provoqué", assure le retraité à l'audience, "et avec mes anciennes fonctions de syndicaliste paysan, je suis un peu un guerrier, je suis un patriote nationaliste."
"Mais vous savez à quoi ça renvoie votre geste ?" tente le magistrat du tribunal de Quimper. "La liberté d'expression, c'est que pour une partie des personnes", répond Jean-Yves Queinnec, qui visiblement ne comprend pas ce qu'on lui reproche.
"C'est terrifiant, estime Erwan Chartier, qui s'est constitué partie civile dans ce procès. Il n'y a aucun remord, aucune prise de conscience de la gravité de ce qu'il a fait. Faire un salut nazi en 2024, c'est une gifle à la mémoire des millions de Juifs exterminés par les nazis, c'est une gifle et une insulte aux fusillés par les nazis dans toute l'Europe et particulièrement en Bretagne."
Le tribunal de Quimper a estimé que Jean-Yves Queinnec s'était rendu coupable d'apologie de crime de guerre et de crime contre l'humanité. En plus de la prison avec sursis, le retraité de Saint-Yvi devra également verser 1 euro symbolique de dommages et intérêt aux deux parties civiles, la Ligue des Droits de l'Homme, qui organisait la réunion, et Erwan Chartier, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire du centre Bretagne.
(Avec France Bleu Breizh Izel)