À Callac, petite ville bretonne de 2 000 habitants, la municipalité et un fonds de dotation souhaitent accueillir des réfugiés et des demandeurs d’asile pour repeupler et dynamiser le territoire. Un projet qui divise les habitants. Des manifestations entre opposants et associations favorables au projet troublent et divisent les habitants, le tout sous les feux médiatiques. La population est excédée.
Des articles dans le New York Times , dans le Courrier International, dans le Monde, la venue de journalistes nationaux et étrangers : la petite commune de Callac, dans les côtes d'Armor, fait parler d'elle plus que de raison pour de nombreux habitants." "C'était vraiment un bourg très calme, mais là on sent que tout le monde est énervé, ça attire vraiment la tension", confie une habitante.
Depuis deux mois, les habitants se déchirent autour d'un projet d'accueil de réfugiés. Plusieurs manifestations se sont tenues simultanément sur la commune entre partisans et opposants. Entre les partisans d'une terre d'accueil et les opposants, notamment, des représentants du parti Reconquête d'Eric Zemmour.
"Oui les gens en parlent sur le marché, y'a des pétitions, des "clashs", on voit la police intervenir. Bon voilà, c'est beaucoup de bruit pour pas grand chose je pense" dit une passante. Et pour une autre : "C'est monté trop en pointe, il faudrait apaiser un peu, il faudrait déjà un dialogue. Or, il n'y a pas de dialogue."
La municipalité qui porte ce projet a été la cible d'attaques à plusieurs reprises. Ces dernières semaines, le maire, Jean-Yves Rolland, a même reçu des menaces de mort. Pourtant nombre de ces menaces, ne proviennent pas de Callac. La polémique dépasse complétement le territoire, preuve en est que même la presse étrangère en fait écho.
C'est intéressant de voir comment une petite commune se projette dans des débats qui sont nationaux et européens et comment quelques personnalités politiques profitent de ça pour attiser les peurs et les craintes
Marc Bassets Correspondant du journal espagnol El País
Qu'est-ce que le projet Horizon ?
Faciliter l'intégration de réfugiés par le travail et revitaliser un territoire rural en perte d'habitant. Tel est l'objectif du projet "Horizon" initié à Callac par le fonds de dotation Merci et appuyé par la mairie.
Malgré 18% de chômeurs dans cette commune rurale de 2.400 habitants, "on a listé 70 à 75 emplois non pourvus, du mécanicien au maçon ou même au médecin" expliquait le maire, Jean-Yves Rolland.
L'idée est d'accompagner, sur plusieurs années, quelques dizaines de personnes d'origine étrangère auxquelles l'Etat français "a accordé le statut de réfugié politique et qui bénéficient à ce titre d'une autorisation de séjour de dix ans" précise le maire de Callac. Ces personnes ont des compétences et "c'est de l'insertion par l'emploi".
A l'origine du projet, une fondation familiale, le fonds de dotation Merci créé en 2009 pour des actions de solidarité. Le village "Horizon", dont Callac devrait constituer le prototype avant une dizaine d'autres est le dernier projet de cette fondation.