Solidarité. Comment la commune de Callac, en centre-Bretagne, fait le pari des réfugiés pour se redynamiser

Accueillir des réfugiés pour revitaliser son territoire, c'est le projet dans lequel la commune de Callac vient de s'engager en signant une convention avec le fonds de dotation Merci. "Il est question d'insertion par le travail" dit le maire qui pointe les emplois non pourvus dans ce bourg de 2.400 habitants.

Faciliter l'intégration de réfugiés par le travail tout en revitalisant un territoire rural assoupi : c'est le pari du projet "Horizon" initié à Callac, dans les Côtes-d'Armor.
Malgré 18% de chômeurs dans cette commune rurale de 2.400 habitants, "on a listé 70 à 75 emplois non pourvus, du mécanicien au maçon ou même au médecin" explique le maire, Jean-Yves Rolland.

"Sur une base volontaire"

L'idée est d'accompagner, sur plusieurs années, quelques dizaines de personnes d'origine étrangère auxquelles l'Etat français "a accordé le statut de réfugié politique et qui bénéficient à ce titre d'une autorisation de séjour de dix ans" précise le maire de Callac.
Ces personnes ont des compétences et "c'est de l'insertion par l'emploi, relève-t-il. Par exemple, on a trois garages qui seront bientôt à reprendre et, sur nos quatre médecins, deux partent à la retraite dans un an".

A l'origine du projet, une fondation familiale, le fonds de dotation Merci créé en 2009 pour des actions de solidarité. "Nous avons commencé par Madagascar puis nous avons élargi à la France" relate Chloé Freoa, directrice générale du fonds de dotation.
Dernier né des projets de Merci : le village "Horizon", dont Callac devrait constituer le prototype avant une dizaine d'autres. "Tout part d'une conviction : les personnes réfugiées sont une chance pour notre pays. Comment les impliquer, les intégrer" interroge-t-elle.

D'où l'idée d'allier leur insertion au développement d'un territoire. "On a construit un projet complet en traitant tous les aspects, y compris les freins. Cela ne peut se faire que sur une base volontaire, avec des réfugiés désireux de partager ce projet et avec la population locale car le vivre ensemble ne se décrète pas" insiste la directrice de Merci.

Jean-Yves Rolland confirme : "Les habitants seront partie prenante. Personne ne sera laissé de côté. Le fonds accompagnera les personnes dans la durée".

"Revitaliser la commune" 

Callac a été retenu par Merci parmi une vingtaine d'autres communes. Une convention de partenariat a été signée entre les deux parties en avril dernier et une réunion publique organisée.

Dans l'immédiat, les porteurs du projet font l'inventaire de l'important patrimoine bâti de la commune à réhabiliter dans cette perspective en tablant sur "des financements publics et privés", selon le maire. "On vise une mixité sociale et aussi intergénérationnelle, expose-t-il. C'est un accord gagnant-gagnant. Pour nous, l'objectif est de revitaliser la commune. Cela va nous aider aussi à un réaménagement du coeur de la ville" avec des dispositifs prévus par l'Etat.

Au milieu des années 60, Callac, où l'on dénombre 123 logements sociaux, comptait 3.500 habitants. Des abattoirs, fermés depuis, y étaient implantés. Autre preuve des bouleversements des dernières décennies : "Il y avait 141 exploitations quand je me suis installé en 1981; il en reste sept" observe encore Jean-Yves Rolland, aujourd'hui agriculteur en retraite.
Ce territoire de Centre-Bretagne "est foncièrement une terre d'accueil", assure le député Yannick Kerlogot (LREM) qui a mis en relation la commune et le fonds. Ce projet, "ça entre en écho avec son histoire".

"Faire de la pédagogie"

Depuis le Moyen-Age, "c'est historiquement une terre ouverte aux gens d'ailleurs et ça a duré pendant des siècles" souligne Ronan Le Coadic, sociologue et professeur à l'université de Rennes 2, qui a consacré une étude à ces "campagnes rouges" du centre-ouest Bretagne où le partage était la règle.

Mais à Callac où, contrairement à d'autres villages proches, Emmanuel Macron a remporté 54,6% des voix au second tour de la présidentielle, tout n'est pas rose cependant. Les élus ont dû subir "des attaques horribles. On a reçu des mails et des appels assassins, nos maisons ont été menacées d'incendie" résume le maire divers gauche, conscient du risque d'instrumentalisation politique de ce projet contre lequel circule une pétition. "Plusieurs plaintes ont été déposées" indique-t-il.
"Certains sont inquiets mais il faut expliquer aux gens, faire de la pédagogie" dit Yannick Kerlogot pour qui "ce défi, au service de tous, est possible".
Pour Chloé Freoa, "il faut que ce premier projet Horizon soit une réussite".

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