Projet d'accueil des réfugiés à Callac. Deux manifestations pour deux conceptions de la solidarité diamétralement opposées

Ce samedi 17 septembre, la petite commune de Callac dans le Centre-Bretagne était le théâtre de deux manifestations. La première, initiée par l'extrême droite, pour s'opposer au projet d'accueil de réfugiés dans un ancien collège de la ville. Et la seconde, organisée par des habitants de la ville et des partis de gauche, pour dénoncer les idées d'exclusion des opposants et défendre la tradition bretonne de solidarité.

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Ambiance surréaliste ce samedi dans les rues de la petite ville de Callac dans les Côtes d'Armor avec une présence plus qu'inhabituelle d'environ 80 gendarmes et 60 CRS. 

La raison d'un tel déploiement de forces de l'ordre dans une cité si calme d'ordinaire : une manifestation organisée par l’extrême droite contre l'accueil de réfugiés et sa contre-manifestation à l'appel d'habitants et de militants de gauche.

Objectif des gendarmes : éviter tout affrontement entre participants des deux manifestations et des débordements. Peu de temps avant 11 h, heure prévue des deux rassemblements, les forces de l'ordre avaient fermé la route entre les deux places où manifestants et contre-manifestants devaient se retrouver. Les accès à Callac étaient d'ailleurs filtrés pour éviter que des "éléments perturbateurs" ne se mêlent aux manifestants afin d'en découdre avec la partie adverse.

Petit à petit les participants des deux camps se sont rassemblés chacun de leur côté, dans deux endroits de la ville à 200 mètres les uns des autres. 

300 opposants au projet pour "préserver l'identité de Callac"

Les opposants au projet d'accueil des réfugiés s'étaient donné rendez-vous devant la mairie. 300 personnes environ, venus de la région et de plus loin, réunis à l’appel de plusieurs partis et mouvements d’extrême droite et identitaires (ReconquêteRiposte laïqueRésistance Républicaine et Parti de la France). C'est au son de "Callac référendum" qu'ils ont crié leur refus du projet Horizon, qui a pour objectif d'intégrer des réfugiés politiques dans la vie de la commune. Ils mettent en cause les politiques en place et leur inaction pour faire face au dépeuplement de la ville. Parmi leur préoccupation, "redynamiser et préserver l'identité de Callac". Des banderoles avec inscrit dessus "Non au grand remplacement" ont été accrochées sur les murs de l'hôtel de ville.

Pour Bernard Germain, candidat du parti Reconquête d’Eric Zemmour dans la circonscription de Lannion-Paimpol aux dernières élections législatives, "les conséquences de ce projet, s'il devait se réaliser, seraient dramatiques pour la commune. Ce que l'on constate dans des banlieues et des grandes villes serait exporté dans nos campagnes". "Nous on dit : 'attention, on joue avec de la dynamite. Vous allez créer un bazar pas possible dans ce village et c'est une folie de faire ça' " ajoute l'opposant. 

Pour lui, le combat de Callac est un combat symbolique car "s'il font cela à Callac aujourd'hui, cela va être fait partout demain". Et de finir par cette formule : "est-ce que l'on veut que notre pays disparaisse où est-ce que l'on veut que la France reste la France."

300 contre-manifestants pour "une terre d'accueil"

200 mètres plus loin, devant la salle des fêtes, place du 9 avril 1944, les contre-manifestants, estimés à 300 personnes également, s'étaient regroupés pour "opposer un barrage populaire aux idées d’extrême-droite et défendre la solidarité et la justice sociale". Mobilisés à l'appel des habitants du Pays de Callac et d'associations et de syndicats de gauche (CVA 22, NPA 22, F.I. 22, ENSEMBLE 22, CGT Guingamp, Syndicat CGT, Fondation le Bon Sauveur, ...).

Les manifestants ont scandé "Callac antifa !".

Parmi ces manifestants, des élues dont la député de Guingamp, Murielle Lepvraud (Nupes), la sénatrice socialiste Annie Le Houérou et le sénateur communiste Gérard Lahellec. 

Ces partisans du projet Horizon ont tenu à rappeler que la Bretagne était "une terre d'accueil et de solidarité" et que l'accueil des réfugiés était "une richesse".

Ainsi pour le sénateur Gérard Lahellec "Par tradition et par culture, le Breton est ouvert aux autres, s'ouvre sur le monde et s'ouvre aux autres et s'enrichit de la culture des autres". Il rappelle également que "le fait d'avoir accueilli de nombreux étrangers n'a jamais été un obstacle au développement de la culture bretonne" et que les Bretons des secteurs ruraux ont jadis, il y a quelques décennies, du s'exiler parfois pour trouver du travail et s'implanter dans d'autres régions. Selon lui, "la haine et la colère exprimée par les opposants sont fortement instrumentalisées et peut-être suscitées par des enjeux nationaux".

Jean-Yves Rolland, le maire de Callac, s'est de son côté félicité de la forte mobilisation des partisans du projet Horizon validé par son conseil municipal et entend bien continuer à convaincre les habitants de la ville du bien-fondé de ce projet. Il enverra une lettre aux Callacois et les invitera à une réunion publique. Celle qui devait se tenir le 23 septembre a été reportée.


Les prises de paroles se sont succédé dans un camp comme dans l'autre. Le rassemblement des opposants au projet s'est terminé par une
Marseillaise.

Vers 13 h, les participants des deux manifestations se sont dispersés. Un groupe de plusieurs dizaines de sympathisants de gauche sont partis en cortège, ont fait face quelques minutes à un petit groupe de manifestants d'extrême droite avec entre eux un cordon de CRS.

Vers 13h30, la petite ville retrouvait doucement son calme.

Qu'est-ce que le projet Horizon, à l'origine du conflit ?

Faciliter l'intégration de réfugiés par le travail et revitaliser un territoire rural en perte d'habitant. Voici l'ambition du projet "Horizon" initié à Callac par le fonds de dotation Merci et appuyé par la mairie.

Malgré 18% de chômeurs dans cette commune rurale de 2.400 habitants, "on a listé 70 à 75 emplois non pourvus, du mécanicien au maçon ou même au médecin" expliquait le maire, Jean-Yves Rolland.

L'idée est d'accompagner, sur plusieurs années, quelques dizaines de personnes d'origine étrangère auxquelles l'Etat français "a accordé le statut de réfugié politique et qui bénéficient à ce titre d'une autorisation de séjour de dix ans" précise le maire de Callac. Ces personnes ont des compétences et "c'est de l'insertion par l'emploi".

A l'origine du projet, une fondation familiale, le fonds de dotation Merci créé en 2009 pour des actions de solidarité. Le village "Horizon", dont Callac devrait constituer le prototype avant une dizaine d'autres est le dernier projet de cette fondation.

Un projet qui n'a pas fini d'opposer les habitants du Centre-Bretagne.

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