Pressenti pour rester au poste de ministre de la Défense, le Breton Jean-Yves Le Drian est nommé ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. Il apporte à Emmanuel Macron une caution régalienne de poids sur les grands dossiers stratégiques internationaux.
Edouard Philippe avec Emmanuel Macron ont nommé ce mercredi un gouvernement paritaire de 22 membres. Parmi eux, le Breton Jean-Yves Le Drian, ce qui n'est pas une surprise, tant son nom circulait avec insistance ces derniers jours.
Il était attendu à la Défense, le fauteuil qu'il a occupé dans les cinq gouvernements de la présidence Hollande, mais se voit confier le portefeuille des Affaires étrangères. Il succède à Jean-Marc Ayrault. C'est la députée européenne Modem Sylvie Goulard, belle-soeur de François Goulard, le président du conseil départemental du Morbihan, qui devient ministre des Armées.Les Bretons du gouvernement d'Edouard Philippe et Emmanuel Macron
Lors de ses fonctions à la Défense, chef du front antijihadiste en Afrique, intime des dirigeants subsahariens et du Golfe, Jean-Yves Le Drian s'est également imposé comme un acteur clé de la diplomatie française, multipliant les tours du monde pour être au plus près de ses interlocuteurs.
"Le Drian apporte l'expérience. Or on en a besoin tout de suite, avec le sommet de l'Otan le 25 mai à Bruxelles" et celui du G7 dans la foulée en Italie, souligne François Heisbourg, président de l'International Institute for Strategic Studies de Londres.
Récompensé de son soutien pendant la campagne
En intégrant le gouvernement Macron, Jean-Yves Le Drian se voit récompensé de son soutien à Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. Dès le 23 mars, soit un mois avant le premier tour, il appelait à voter Emmanuel Macron, alors qu'il avait soutenu Manuel Valls pour la primaire de la gauche."Jean-Yves Le Drian, c'est un responsable politique pour lequel j'ai beaucoup de respect et qui, en Bretagne, a construit justement une majorité de projet qui est assez voisine de la démarche qui est la nôtre", réagissait le jour-même le candidat d'En Marche!.
La nomination de Jean-Yves Le Drian s'inscrit donc dans la démarche globale d'Emmanuel Macron pour lequel ce premier gouvernement doit incarner un certain "renouvellement politique" avec des personnalités expérimentées de gauche comme de droite, mais aussi des centristes, des écologistes et des personnalités de la société civile.
La question du cumul de mandats
Avec cette nomination, se pose une nouvelle fois la question du cumul des mandats de ministre et de président de la Région Bretagne, qu'occupe depuis le 18 décembre 2015 Jean-Yves Le Drian.Il y a plus d'un an, ses adversaires politiques lui reprochaient de n'être que partiellement à la tête de la région, étant plus occupé à juste titre par ses obligations internationales de ministre de la Défense. Une polémique qui avait fait du bruit et qui ne manquera pas de ressurgir. Ce mercredi après-midi, Gilles Pennelle le patron du Front National dans la région demande sa démission : "il doit maintenant démissionner de la présidence du Conseil régional de Bretagne."
Reste à savoir quelle position le président de la Région et le président de la République ont retenue sur cette question sensible. Emmanuel Macron n'a pas cessé de rappeler qu'il voulait "moraliser" la vie politique.