Jean-Yves Le Drian, antijihadiste en chef et VRP des avions Rafale

Chef du front antijihadiste en Afrique, intime des dirigeants subsahariens et du Golfe, Jean-Yves Le Drian est déjà un acteur clé de la diplomatie française. En décrochant le premier contrat à l'export pour les avions Rafale, le ministre français de la Défense a remporté une autre bataille majeure.

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Sur tous les fronts, multirôles, le ministre déploie la même méthode, rarement bruyant mais omniprésent et toujours dans la proximité avec ses interlocuteurs. A chaque déplacement en Afrique - il s'y est rendu une dizaine de fois en 2014 -, il est reçu au sommet de l'Etat loin du protocole et des caméras.

Le 31 décembre 2014, le président tchadien Idriss Deby, aujourd'hui en première ligne dans la lutte contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, l'invitait dans son fief, près de la frontière soudanaise, pour un tour d'horizon des crises régionales. "Il a régulièrement Deby, Sassou N'Guesso (Congo), Ali Bongo (Gabon), IBK (Mali) au téléphone, de même que l'émir du Qatar, le prince héritier des Emirats...", selon son entourage.

En Arabie saoudite, il a rencontré neuf fois le nouveau roi Salmane, quand ce dernier était encore ministre de la Défense, et négocié le contrat pour la livraison de trois milliards de dollars d'armements français au Liban, payés par Ryad. S'il est en prise directe avec nombre de leaders régionaux, Jean-Yves Le Drian, 67 ans, l'oeil vif et de stature rablée, agit toujours de concert avec le président socialiste François Hollande, dont il est très proche et qu'il a plusieurs fois par jour au téléphone.

"C'est un homme sécurisant, loyal au président. Ce n'est pas un homme d'esbroufe, c'est un Breton réservé", résume Bernard Poignant, lui aussi proche conseiller du chef de l'Etat, et ex-maire de Quimper. 

Selon son entourage, le "dialogue stratégique" avec les pays étrangers et les négociations sur l'avion Rafale, que la France espère vendre aussi notamment au Qatar et à l'Inde, occupent M. Le Drian un tiers de son temps.


Plusieurs tours du monde en 2014 

Quasiment chaque semaine, le ministre français de la Défense effectue un déplacement à l'étranger. "En 2014, il a parcouru 400.000 km", note-t-on au ministère. En septembre, au retour d'un déplacement à Abou Dhabi, il rencontre le président Abdel Fattah al-Sissi au Caire, qui évoque pour la première fois son intention d'acquérir des Rafale, selon son entourage. En novembre, lors d'une visite à Paris, Abdel Fattah al-Sissi est reçu par Jean-Yves Le Drian, pour un dîner inhabituel entre un président étranger et un ministre français de la Défense.

L'homme fort du Caire, qui s'entretient aussi à l'Elysée avec François Hollande, confirme alors ses intentions. Les émissaires de M. Sissi négocient ensuite directement avec Jean-Yves Le Drian pour un contrat portant au final sur 24 Rafale et une frégate, conclu à 5,2 milliards d'euros. 


Et maintenant?

Si les résultats au Mali restent "partiels", selon l'Institut international d'études stratégiques (IISS) de Londres, et la situation toujours fragile en Centrafrique, l'ex Président de la région n'en affiche pas moins un bilan ministériel à faire pâlir ses collègues, alors que l'exécutif français est plombé par ses mauvais résultats face à la crise économique.

Dans les armées, la suppression de milliers de postes ne le rend pas toujours populaire mais il est "respecté" pour sa maîtrise des dossiers et la défense des intérêts de son ministère face à celui du Budget.

Son avenir dépend d'un choix cornélien à venir au deuxième semestre: rester à la Défense à Paris ou quitter son poste pour mener campagne lors d'élections régionales afin d'éviter que "sa" Bretagne ne tombe dans l'escarcelle de l'opposition de droite. François Hollande doit trancher dans les prochains mois.
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