La faculté des métiers de Fougères dispense deux formations dédiées à l'horlogerie, dont une permettant d'obtenir le WOSTEP, un diplôme Suisse de référence, reconnu à l’international. Seuls dix établissements dans le monde le proposent, un enseignement renommé qui attire.
"Ce qui était sûr c’est que je voulais un travail manuel. Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les petites pièces, la minutie, le côté perfectionniste. J’aime le détail, les belles choses." Emmanuelle, 24 ans, est élève en deuxième année, à la faculté des métiers de Fougères, dans la section dédiée à l'horlogerie. Après un parcours dans la vente et la grande distribution, elle a décidé de changer de cap et intégré la formation.
Une formation unique, reconnue à l'international
Fougères propose deux formations : une courte (un an), le CQP (certificat de qualification professionnelle) Technicien horloger et une autre de deux ans, pour obtenir un CQP Horloger qualifié et diplômé du WOSTEP. C'est ce diplôme international que viennent chercher les élèves, un atout pour leur carrière. Dix établissements dans le monde seulement proposent cette certification, dont deux en France. "L’école est réputée, elle m'a été conseillée par un horloger de Lyon", raconte Julien, lui aussi en deuxième année.
La plupart des élèves sont en reconversion professionnelle, avec une moyenne d'âge autour de 30 ans. Tous peuvent voir la formation financée par la région. Pour y accéder, pas de pré-requis particulier, sauf celui de n'avoir jamais exercé dans le métier. Un dossier validera une candidature, avec l'obligation d'un stage en immersion au préalable, plus une journée de recrutement avec des tests pratiques et théoriques.
"L'horlogerie, un accident de la vie"
David, 50 ans, a déjà toute une vie professionnelle derrière lui. Il y a trois ans, il récupère un lot de montres et "tombe" dans l'horlogerie. "Ça a été boulimique. J'ai commencé à réparer des cadavres, maintenant je redonne vie à de l'ancien" dit-il, exalté. Il a décidé de rejoindre les rangs de la formation de Fougères. "Je dois intégrer l'école pour pouvoir obtenir une certification et pour apprendre correctement. Être autodidacte, ça a ses limites," confie-t-il.
David a réalisé son stage chez Alain Le Floch, figure de l'horlogerie à Fougères et dans le monde. Ce collectionneur passionné accueille régulièrement des stagiaires, un échange important pour continuer à pérpétuer des savoir-faire et des connaissances. Il rappelle : "La pression est énorme dans ce métier, au niveau des échéances, avec un travail sur des pièces minuscules, chères. Le droit à l'erreur est faible."Ce qui me plaît ? C'est comment on loge autant de pièces dans un si petit corps. Ça m'impressionne.
On idéalise le métier, on a l'image de l'horloger au fond d'une pièce, tranquille alors que de plus en plus c'est un métier de contact. Hervé Coirre, responsable de la formation à Fougères
Viser la qualité, pas la rapidité, pour atteindre le geste parfait
Pendant leur parcours, les élèves font, refont, défont. La première année se concentre sur la micromécanique : des heures passées assis, à façonner les outils puis les pièces. "Les échelles se transforment, petit à petit le diamètre diminue", précise Jérémie Dumetier, formateur horloger. "À la fin, ils doivent voir la différence entre un centième et deux centièmes."
Alain Le Floch confirme cette importance du geste : "Il faut faire passer ce plaisir d'être dans le beau. Quand un stagiaire arrive chez moi, je lui apprends la qualité, pas la rapidité, pour atteindre la perfection du geste."
Formation en horlogerie à Fougères, quels débouchés ?
À l'issue de la formation, les élèves peuvent trouver du travail dans des manufactures, principalement en Suisse. Il est également possible d'être embauché sur des plateaux techniques de grandes marques horlogères et en service après-vente, en boutique. Pour certains, le but ultime sera d'avoir sa propre boutique, voire de créer sa propre montre.Concernant les salaires, ils peuvent aller entre 1600, jusqu'à 3500 euros (et plus).