Législatives 2022 en Bretagne. Ce qu'il faut retenir de ce second tour : la majorité présidentielle résiste mais perd deux de ses ténors

Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale battu dans sa circonscription dans le Finistère, Florian Bachelier, 1er questeur de cette même Assemblée, sorti avec 42% des voix. Au soir du second tour des législatives, la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale bouscule la majorité présidentielle en sortant deux de ses leaders mais résiste en conservant la plus grande partie de ses sièges.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

En 2017, la République en marche avait déferlé en Bretagne et réussi à rafler 24 circonscriptions sur 27.

Au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, les candidats qui se présentaient sous sa bannière, dont certains, novices en politique et inconnus du grand public, étaient presque tous élus. Cinq ans plus tard, Emmanuel Macron a été réélu, mais en Bretagne, son score a chuté de 75,36% des voix en 2017 à 66,58% en 2022. 

Dans une région solidement ancrée à gauche, la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale avait réussi au premier tour à qualifier ses candidats dans la quasi-totalité des circonscriptions bretonnes. Au soir du premier tour des législatives 2022, la NUPES était même en tête dans 8 circonscriptions.

Au soir de ce second tour, la majorité présidentielle conserve 5 sièges dans le Morbihan, 3 dans les Côtes d'Armor, 7 dans le Finistère, 3 en Ille-et-Vilaine. 

Double coup de tonnerre [Ferrand et Bachelier, les deux "scalps" de la Nupes]

Le premier coup de tonnerre pour la majorité présidentielle vient du Finistère. Richard Ferrand est battu par Mélanie Thomin. Le président de l’Assemblée nationale n’a rassemblé que 49,15 % des suffrages. 
La jeune professeur de français a milité pendant des années au Parti socialiste et participé aux campagnes de Richard Ferrand à l’époque où il était lui-même adhérent PS.
Les électeurs ont-ils rejeté la politique du Président de la République ou gardaient-ils en mémoire l’affaire des Mutuelles de Bretagne. 
Début 2011, à l’époque où il était secrétaire général des Mutuelles de Bretagne, Richard Ferrand avait loué des locaux à Brest pour la mutuelle à Brest. Des locaux dont la gérante n’était autre que sa compagne. La justice a considéré qu’il n’y avait là, rien d’illégal, mais selon l’expression consacrée, ce qui est légal n'est pas toujours moral.

"Un Président de l’Assemblée qui se représente et qui est battu, c’est rare" souligne Thomas Frinault. Le politologue note que "les deux poids lourds bretons de la majorité présidentielle se sont tous deux faits sortir." 

Car à Rennes aussi, Florian Bachelier perd ce soir sa circonscription. Mickaël Bouloux, maire du Rheu, l’emporte avec 58 % des voix.  

La NUPES a également arraché la circonscription de Guingamp dans les Côtes d’Armor. Avec 53,4% des suffrages Murielle Lepvraud sort Yannick Kerlogot. 

Et c’est en Ille-et-Vilaine que la NUPES réussit à faire ses plus grosses prises. Outre la 8ème circonscription, la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale s’empare de celle de Redon, où Mathilde Hignet devance Anne Patault, celle Rennes-Bruz que Frédéric Mathieu enlève à Hind Saoud. La NUPES conserve également la 3ème circonscription de Rennes Combourg grâce à Claudia Rouaux. 

"C’est la première fois qu’un Président de la République réélu n’a pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale. La 5ème République continue à prendre l’eau de partout" assène le nouveau député Frédéric Mathieu qui demande qu'on en finisse avec la "monarchie présidentielle".

Cadalen, Girard, des déceptions pour la NUPES à Brest et Lorient

Pierre-Yves Cadalen échoue à faire tomber le député sortant de Brest, Jean-Charles Larsonneur. Il lui a manqué 118 voix. Le candidat de la NUPES avait viré en tête au soir du premier tour, mais la majorité présidentielle, partie divisée, a visiblement su se rassembler. 

A Lorient, Damien Girard (EELV) était arrivé en tête au premier tour. Mais c'est la candidate de la majorité présidentielle, Lysiane Métayer (terr progrès) qui l'emporte avec 51,4 % des voix. 

La REM résiste 

Dans le Finistère, la République en marche conserve 7 de ses 8 circonscriptions. Annaïg Le Meur, Jean-Charles Larsonneur, Didier Le Gac, Sandrine Le Feur, Graziella Melchior, Liliana Tanguy et Erwan Balanant ont tous été réélus. 

La République En Marche garde 3 circonscriptions sur 5 dans les Côtes d’Armor, 5 sur 6 dans le Morbihan. 

Benoit, Le Fur, Molac : les "vieux briscards" conservent leur siège

"Les plus beaux scores sont obtenus par les briscards de la politique" remarque Thomas Frinault. En Ille-et-Vilaine, le député majorité présidentielle, Thierry Benoit est réélu avec 61,69 % des voix. Dans les Côtes d’Armor, le Républicain Marc Le Fur part pour un sixième mandat en rassemblant 64,9% des suffrages. Dans le Morbihan, le régionaliste Paul Molac atteint 73,43% des voix.  

"La Bretagne, pas tout à fait la France ?"

"Dans cette élection, on voit que la Bretagne n'est pas tout à fait la France" relève Thomas Frinault. Le Rassemblement national qui dispose ce soir de 90 sièges à l’Assemblée nationale n’en compte aucun dans la région où aucun candidat de l’extrême-droite ne s’était qualifié pour le second tour. Mais le RN a énormément progressé constate Thomas Frinault. Le Rassemblement national a doublé ses scores par rapport à 2017. 17% à Redon, 18% à Pontivy, il y a une réelle progression. 

La France sera-t-elle ingouvernable ? 

234 députés pour la majorité présidentielle, 141 sièges pour la Nupes, 90 pour le Rassemblement national, 75 pour LR, "la France n’est pas préparée à affronter ce type de configuration, analyse le politologue, Thomas Frinault. Nous avons connu des cohabitations mais c’est quelque chose de complètement différent. On a alors un gouvernement et un président qui ne partagent pas les mêmes idées. Mais le gouvernement avait alors une majorité pour passer les textes et mener les réformes. Là, ce soir, la REM a une majorité relative très loin d’une majorité absolue, cela va être compliqué. "

Si compliqué redoute le politologue que l'on devra peut-être retourner aux urnes avant cinq ans. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information