Red Waters, opéra moderne, à la fois gothique et empreint de mélancolie et de féérie, est créé à Rennes par le duo Lady & Bird, Keren Ann Zeidel et le musicien islandais Barði Jóhannsson. Ce spectacle, fruit d'un partenariat entre le TNB, l'Opéra de Rennes et l'Orchestre national de Bretagne, est présenté à partir de ce 28 janvier et jusqu'au 4 février.
Red Waters, c'est un décor rouge, gothique sur la scène de l'opéra de Rennes. Red Waters, un conte fantastique, une histoire d'amour, un village, une malédiction, la légende de jumeaux séparés à la naissance et qui tombent amoureux. Le couple pourchassé, saute dans la rivière. Leur mort va transformer l'eau en vin... Red Waters, c'est le nom du village, c'est aussi le chœur de l'existence de cette communauté. Tous les habitants, six fois par jour participent à un rituel immuable, boire le vin à la fontaine de la place.
"Dans Red Waters, le passé n'est pas seulement lié à une histoire de retrouvailles entre des jumeaux séparés à la naissance, fait remarquer Keren Ann, mais aussi à de grands secrets et des non-dits. Dans tous les opéras il y a cet aspect des non-dits. Et même si à certains moment, on a essayé d'évoquer un côté humoristique, mais aussi torturé et tordu, on peut y percevoir aussi de la poésie, mais sans jamais juger ce village, sans juger leurs comportements et leurs habitudes."
Répétition en public
A quelques jours de la première, ce jour-là c'est une répétition en publique. L'équipe jongle depuis des semaines avec des absences pour cause de maladie, ce qui complique l'avancement du travail. Les scènes s'enchaînent, il s'agit surtout de régler les déplacements, les gestes et les mouvements de chacun, solistes, choristes, danseuses. Les spectateurs présents dans les balcons, apprécient d'assister à cette séance de travail, entre chant, concert, théâtre et danse, avec le sentiment d'être comme des petite souris en coulisses. D'avoir été autorisés à pénétrer dans ce lieu mystérieux où se crée la magie.
Une nouvelle version de Red Waters à Rennes
L'opéra écrit par le duo Keren Ann et Barði Jóhannsson, et mis en scène par Arthur Nauzyciel, avait été créé une première fois à Rouen en 2011. Ils présentent à Rennes une toute nouvelle version dans une nouvelle distribution, avec Nicolas Agullo à la baguette pour l'Orchestre de Bretagne, Gildas Pungier pour le Chœur de Chambre Mélisme(s)et puis Damien Jalet pour les chorégraphies.
Red Waters, qui joue beaucoup sur le rythme et la répétition, est un spectacle envoutant.
"Musicalement, explique Keren Ann, cet opéra qui est souvent dans la répétition et dans les rituels permet de comprendre à quel point on peut être dépendant des habitudes et puis à quel point aussi à certains moment quand on est reclus et qu'on vit d'une manière sectaire, on refuse l'évolution, la modernité."
Ce qui est très fort dans Red Waters, ce qui est inédit, c'est le croisement du symphonique, de la folk, de l'épique et de la poésie en même temps. Sous des airs de conte, quelque chose qui charrie un univers beaucoup plus sombre.
Arthur Nauzyciel, metteur en scène de Red Waters
Pour le metteur en scène "L'histoire raconte comment une petite communauté assure sa survie à travers le temps, en se racontant sa légende, en se définissant à travers ses rituels, ses cérémonies. Avec un thème qui nous avait moins frappé à l'époque, note t-il, mais qui résonne beaucoup aujourd'hui. C'est la question de savoir si ,pour assurer sa survie, il faut toujours sacrifier une génération ? On voit que pour assurer se faire, cette communauté doit sacrifier sa jeunesse, de générations en générations."
Il y a toujours dans leur travail, une certaine profondeur, qui s'exprime avec quelque chose de très léger, de très doux et de délicat
Arthur Nauzyciel
"Cette mélancolie est soutenue par un fond, sorte de récit ayant à voir avec la question de comment une génération peut s'affranchir d'une autre. Comment se libérer de quelque chose. Comment on subit de générations en générations des choses qui sont imposées et reproduites sans qu'on ne sache plus vraiment pourquoi et puis comment on se libère de ça."
Ce spectacle, coopération entre l'Orchestre de Bretagne, l'Opéra et le TNB, est présenté du 28 janvier au 4 février à l'Opéra de Rennes, dans le cadre du festival Waterproof.