Les CHU de Rennes et Caen sont les seuls en France à ne pas avoir d'hélicoptère toute l'année. Un hélicoptère est bien arrivé il y a quelques mois, mais il n'a pas vocation à rester. Pourtant, le SAMU l'affirme : c'est un moyen de transport indispensable pour intervenir au plus vite.
Cela peut surprendre, mais oui, le CHU de Rennes est l’un des seuls de France, avec Caen, à ne pas avoir d’hélicoptère à demeure. Le SAMU 35 espère bien que la donne va changer.
Car depuis mars, les équipes profitent de ce moyen d’intervention... dont il va être difficile de se passer.
Durant l’été 2019, un premier hélico (un Airbus EC 135) avait été testé durant deux mois au CHU de Rennes. Premier test concluant à une période où il y a beaucoup de touristes sur la côte, donc possiblement beaucoup d’interventions et beaucoup de monde sur les routes !
L’hélicoptère était sorti près de 3 fois par jour et avait effectué l'été dernier, une soixantaine d’heures de vol en deux mois.
Particularités rennaises
En Bretagne, Brest dispose d’un hélicoptère 24h/24. C'est aussi le cas à Saint-Brieuc durant l'été. En dehors de cette période estivale, l'hélicoptère est planifié tous les jours à raison de douze heures.
Pourquoi Rennes n’en a pas ? C’est lié à un choix fait en 2002. À l’époque, Brest et Saint-Brieuc ont décidé de s’équiper d’un hélico, alors qu’à l’époque, on estimait à Rennes que le réseau routier de qualité suffisait... 20 ans plus tard, les équipes ne sont plus du même avis.
Après le test de deux mois durant l’été 2019, le SAMU 35 a sollicité une nouvelle fois l’ARS pour avoir un hélicoptère de façon provisoire en mars 2020 (en lien avec l'épidémie de coronavirus et le besoin grandissant de transferts). Suite à ce déploiement de deux - trois mois, un autre « location » a été acceptée pour cet été. Prêt prolongé une première fois jusqu’au 15 septembre, puis à nouveau jusqu’à fin octobre. Une nouvelle demande de prolongation est en cours pour le garder jusqu’à fin décembre. Pour le moment l’hélico (un Airbus EC 145, plus grand et confortable que celui de l’été dernier) fait près 3 - 4 interventions par jour.
« On en a besoin. Il nous faudrait un hélico tout le temps, H-24 » explique le professeur Soulat.
Il faut savoir que nulle part en France, les hôpitaux sont propriétaires des hélicoptères. Ils sont tous en location. Des entreprises privées répondent à des appels d’offre. Un appel est en cours, le dépôt des dossiers pour les hôpitaux bretons doit être fait d’ici fin septembre pour une mise en œuvre sur 10 ans à partir de fin 2021.
Combien ça coûte ?
On estime qu’un hélicoptère sanitaire effectue entre 450 et 500 heures de vol tous les ans. Cela coûte (en location) un million six cents mille euros à l’hôpital qui l’utilise. "C’est un prix, mais ça vaut le coup", estime le professeur qui insiste sur le service (parfois vital) rendu aux patients, mais aussi sur les effets que ce moyen de locomotion a sur le planning des équipes médicales : « Les équipes sont plus vite revenues. Aller et revenir à Paris se fait en une demi-journée. On peut donc faire autre chose l’autre demi-journée, ce qui n’est pas le cas si on passe par la route ! »
Un argument non négligeable dans ce contexte sanitaire critique... Critique parce que la « ressource médicale est rare » et parce que les besoins sont nombreux en lien notamment avec l’épidémie de Covid-19.
Autre avantage qu’aurait la présence continue d’un hélicoptère : une unité mobile d'assistance respiratoire pourrait être déployée sur le terrain, selon les besoins.
« H » comme hélisurface
Dernier point sur lequel le professeur Soulat insiste : « Un hélicoptère, c’est rentable si et seulement s'il n’y a pas de relais ambulances à faire... » Ce n’était pas le cas ce vendredi matin, faute d’hélistation à l’hôpital de Redon, une ambulance a dû faire le lien entre l’hôpital, où le patient était hospitalisé, et le terrain de football où l’hélicoptère du SAMU 35 a pu atterrir !
« Il faut développer les hélistations dans la région ! » dit Louis Soulat. Ce que confirme la médecin du Samu 35 Aurélie Bringer qui était sur l’intervention à Redon ce vendredi matin : « Il y a parfois beaucoup de brancardage... C’est plus complexe, cela suppose de bien anticiper. »
Des aménagements dans les hôpitaux bretons qui coûtent là aussi un peu de sous. Le temps, c’est de l’argent mais pour sauver des vies, ça vaut le coup !