Covid. Echec des traitements antiviraux, effets secondaires aux vaccins, vaccination des enfants : réponses d'experts

Face au Covid,malgré la mobilisation mondiale des scientifiques, aucun traitement ne fonctionne à large échelle. L' infectiologue Matthieu Revest et le virologue Vincent Thibault reviennent sur cet échec, et sur des sujets sensibles : la vaccination des enfants, et les effets secondaires. Entretien.

Face à la pandémie de Covid-19, le monde entier a été à l'arrêt. Aujourd' hui des solutions se sont mises en place : gestes barrières et distanciations sociales, limitation des interactions et des brassages de populations par des fermetures de lieux de convivialité.

Des vaccins sont apparus mais aucun traitement antiviral n'a encore vu le jour. Le pass sanitaire fait son apparition mais l'obligation vaccinale engendrée soulève une vague d'interrogations. 

Les professeurs Matthieu Revest et Vincent Thibault, lors d'un entretien croisé au CHU de Rennes, reviennent sur des questions sensibles d'actualité : 

  1. les traitements antiviraux contre le Covid
  2. les mesures pour lutter contre la pandémie
  3. les effets secondaires de la vaccination sur le long terme 
  4. la question de la vaccination des enfants de moins de 12 ans

Vincent Thibault est professeur de virologie au CHU de Rennes et responsable du laboratoire de virologie qui organise le dépistage, le criblage et le séquençage de tous les tests positifs au Covid.

Matthieu Revest est professeur de maladie infectieuse au CHU de Rennes et à la faculté de médecine. Il travail dans le service de maladie infectieuse et de réanimation. Matthieu Revest est également membre du Haut conseil de la santé publique. 

Après une année de Covid, les deux spécialistes des questions Covid dressent un bilan sans langue de bois sur les sujets sensibles qui agitent l'actualité. 

 

L'échec des traitements antiviraux pour lutter contre le Covid

"Voilà un an que les connaisances face à la maladie avancent de façon exceptionnelle", avance le virologue Vincent Thibault sur la question des traitements face à la pandémie. "Les forces en présence des scientifiques sont incroyables, on a jamais vu autant de travaux, autant de personnes mobilisées autour d'une même cause".

Cet optimisme laisse place à une réponse sans appel, " Actuellement, pour cette infection respiratoire aigüe, la probabilité d'avoir un traitement antiviral efficace est très peu probable. On se rend compte que les traitements antiviraux sont globalement un échec. Il n'y a aucun antiviral qui ne soit disponible aujourd'hui ".

On se rend compte que les traitements antiviraux sont globalement un échec. Il n'y a aucun antiviral qui ne soit disponible aujourd'hui.

Vincent Thibault, virologue

Pour le professeur, la difficulté vient du fait que les problèmes ne viennent pas du virus en lui-même mais de ce qu'il va déclencher : " Ces infections sont des infections aigües où il faut agir très vite car les symptômes dans les formes graves touchent autre chose. On voit bien que les formes graves arrivent 7 à 10 jours après l'infection. Nous sommes à distance de l'infection virale, du virus. Et pour les traitements, encore une fois, on a rien, et cela malgré tous les essais qui ont été faits. Le vaccin est notre chance, profitons-en, ne tergiversons pas, vaccinons nous ".  

 

Les mesures contre la pandémie de Covid et des ses variants

Pour l'infectiologue Matthieu Revest, la solution est claire : " il faut bien se rendre compte que l'on a rien d'autre. Il n'y a pas de traitements qui soient efficaces à large échelle. Il y a des petites choses qui peuvent être ponctuellement intéressantes pour les formes hospitalisées, mais rien pour le cas de la médecine de ville. Il y ni a rien qui marche, et les mesures barrières ont leurs limites. Donc il n'y a rien d'autre que la vaccination ".

La vaccination, il faut se rendre compte que l'on a rien d'autre.

Matthieu Revest, infectiologue

Pour l'infectiologue, le vaccin est la seule issue. "Il faut que tout soit fait pour la vaccination. On a une chance énorme d'avoir accumulé autant de connaissances si rapidement et d'avoir eu accès à ce vaccin qui montre tellement d'efficacité. On aurait jamais parié sur l'émergence d'un vaccin aussi efficace aussi rapidement face à une maladie inconnue".

Ne pas se faire vacciner pérennise les mesures de distanciation et de fermeture de lieux.

Matthieu Revest, infectiologue

Matthieu Revest continue, " la pandémie touche tous le monde.  Nous avons une solution qui permet de relancer la vie sociale et la vie économique, et ne pas se faire vacciner pérénnise les mesures de distanciation et de fermeture des lieux". Vincent Thibault complète le raisonnement, "ne pas aller au cinéma, porter un masque, c'est plus désagréable que de se faire vacciner pour une grande partie de la population. La vaccination c'est la solution la moins contraignante."

 

Les risques de la vaccination et les effets secondaires 

A la question des effets secondaires, Matthieu Revest amène une précision, "avoir une douleur dans le bras car une aiguille a piqué, c'est normal. Avoir un peu de fièvre après un vaccin, c'est normal car on stimule le système immunitaire. Cela reste peu fréquent mais c'est attendu". 

Mais la vraie inquiétude d'une partie de la population qui doute encore avant de se faire vacciner est sur la question des risques d'effets secondaires, notamment sur le long terme.

La question est posée aux deux experts : 'Y'en a t'il des effets secondaires graves aux vaccins ?' Matthieu Revest répond sans détour, " comme avec n'importe quel médicament, on peut avoir des effets secondaires graves. La problématique des vaccins Covid est que l'on vaccine l'ensemble de la population mondiale en même temps. On est donc sûr de voir des effets secondaires. Si vous avez un effet secondaire qui intervient tous les 50 millions de doses, on est sûr d'en voir. Est-ce que cela remet en cause le calcul risque/bénéfice, bien-sûr que non. Et nos vaccins actuels ont une probabilité d'effets secondaires graves, qui est largement inférieure à plein d'autres médicaments que l'on donne tous les jours. Mais les autres médicaments, on ne les donne pas à toute la population mondiale en même temps, donc on ne les voit pas."

Nos vaccins actuels ont une probabilité d'effets secondaires graves, qui est largement inférieure à plein d'autres médicaments que l'on donne tous les jours.

Matthieu Revest, infectiologue

La question du long terme est également source d'inquiétude. A cette notion le scientifique joue la carte de la pédagogie. " Avec le vaccin, vous injectez un virus. Il est très vite détruit par l'organsime, ne reste que la réponse immunitaire qui a été générée par la vaccination, qui elle est définitive au bout de 6 semaines. Si il devait y voir des effets secondaires à la réponse immunitaire, on le verrait en ce moment. Pourquoi dans 50 ans ?  Cette probabilité là est vraiment très très très très très peu probable. S'affranchir d'une vaccination pour une hypothèse si peu probable c'est une erreur ". 

Vincent Thibault tente une comparaison. "On apprend à nos enfants à conduire une voiture, alors que la mortalité majeure des jeunes garçons c'est la voiture. Et bien-sûr on le fait quand même. Des risques que l'on accepte pour autres choses, on ne l'accepte pas pour un vaccin. On vaccine depuis des dizaine d'années et on ne voit rien émerger ". 

Les vaccins sont les médicaments qui ont sauvé le plus de monde dans toute l'histoire de l'humanité et qui continuent de le faire.

Matthieu Revest, infectiologue

Pour l'infectiologue, "il ne faut pas oublier que les vaccins sont les médicaments qui ont sauvé le plus de monde dans toute l'histoire de l'humanité et qui continuent de le faire." Matthieu Revest n'oublie pas que des cas exceptionnels d'effets secondaires ont eu lieu : "Il y a un effet loupe sur des effets qui peuvent toucher un individu, et il faut que la société les indemnisent, c'est important. Mais ils sont l'absolue exception".

La vaccinatoin des enfants de moins de 12 ans

"Selon les études, les jeunes enfants ne font pas de formes graves, et ne font pas de symptômes Covid long. Si tous le monde est vacciné, et qu'un cas présent dans une école primaire ne change en rien la société, on n'a plus besoin de fermer des écoles". Matthieu Revest insite sur le cas spécifique d'une société qui serait vaccinée dans son ensemble. "Le Covid n'est pas une maladie grave pour les enfants, il y a une vraie question éthique sur la vaccination des jeunes enfants, mais elle ne se pose que si l'on a vacciné les gens au-dessus de 12 ans, et que l'on a cassé l'épidémie".

Le Covid n'est pas une maladie grave pour les enfants.

Matthieu Revest, infectiologue

La question pour ces deux professeurs n'est pas sur la nécéssité de vacciner les enfants de moins de 12 ans, mais sur l'éventuelle obligation de la vaccination pour la population générale. "Je ne trouve pas cela cohérent de rendre obligatoire aux seuls personnels de santé car cela ne change en rien la dynamique de l'épidémie. La population des personnels de santé est très largement vaccinée. Si l'objectif de l'obligation vaccinale est de casser l'épidémie, rendre obligatoire pour les personnels de santé cela ne sert à rien. Focaliser sur cette population, cela les stigmatise " mais de conclure "La question de l'obligation pour une vie en communauté se pose mais c'est très compliqué ". 


L'entretien complet à retrouver

Interview réalisée par Julien Le Bonheur, Responsable de communication scientifique à Rennes 1, le 9 juillet 2021.

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